dimanche 26 avril 2009

House of Pain

Jeudi

Une surprise comme je les aime. Début d'aprèm, après une matinée à l'USC et un déjeuner avec V. passé à s'extasier devant les écureuils qui se foutent sur la gueule, petit tour chez mes amis du nord du campus, un des centres de logement temporaire Trojan Housing de l'USC, dans un coin appelé Cardinal Gardens.

Coucou les gens, j'ai mon formulaire rempli, je veux une chambre du 26 avril au 15 mai. Tiens, salut H.. Ah oui, je précise : H., c'est un des Indiens chez qui j'irai pas pasque c'est crade. Oui oui, je me souviens de toi. Non, je la prendrai pas ta chambre. Bon, bien sûr je dis rien, je fais celui qui pige pas.

'Err, wait a moment, buddy. I don't think the rooms are available before May.'

Euh, non, pas possible, ça. Sur le site y avait marqué 26 avril. Si, si, je me souviens. Ah, il part vérifier, mais je suis pas confiant. Du tout.

Un peu plus tard, je rentre au labo. V. me demande comment ça s'est passé. Je lui réponds que les chambres sont bien disponibles à partir du 26.
Mai.

V. me file une adresse qu'on lui avait conseillée et où se trouvent encore un tas d'annonces. J'ai envie de chialer. Je rentre.

Vendredi

Je reviens sur le schéma habituel : vendredi c'est ISI. Ce coup-ci, Z. est pas là à l'arrêt de la navette, je le retrouve directement dedans, fait rare. On passe la matinée à retenter d'installer ces putains de clefs privées et publiques. Ça marche pas. On appelle B. à l'aide. Il me change mon écran. On retente les clefs. Ça marche pas.

Z. me dit qu'on va faire sans. Du coup, étape suivante, il me file un tutoriel complexe pour apprendre à me servir d'un programme tout aussi complexe et qui a rien d'intuitif. Du tout.

Midi, une heure, deux heures, trois... Je demande à Z. s'il a mangé, et sinon s'il compte manger un jour. Non, il a pas mangé, mais il s'en va vers 3.20, donc bon il mangera après. D'ailleurs, vu que c'est pas un horaire de la navette, si je veux partir avec lui en ture, bah je suis le bienvenu.

Ça me va.

Z. me dépose au motel. Je fais rien, puis, vers 5 heures, je vais visiter une autre chambre à l'ouest du campus, pas loin du tout de la Viterbi School. Je traverse le campus et ai le loisir de voir que des gens, sûrement à l'occasion de l'Earth Week, ont "planté" des fleurs un peu partout dans l'Alumni Park. Bon, ça fait artificiel, mais je pense pas que le but ait été autre : j'ai devant moi un quadrillage bien régulier dont chaque nœud comporte une unique fleur blanche engoncée dans un machin en plastique lui-même planté dans le sol.

Super.

Sinon, à un moment, j'arrive à la chambre en question. Je me plante pas dans le numéro ce coup-ci. Je frappe, espérant pouvoir parler directement avec A., la fille avec qui j'ai traité. On ouvre. Un Indien efféminé habillé tout en rose apparaît.

'Hi, I'm Simon.'
'Hi, I'm A..'

Ah merde, c'était pas une fille, en fait. Bon, même s'il semble y avoir des velléités. Enfin, après tout j'en sais rien. Il me fait entrer, me montre rapidement la cuisine, la salle de bain, et on s'assoit dans la chambre. Celle-ci est superbe, super clean, bien rangée, propre et salubre, tout bien meublée. On discute de ce que je suis venu faire ici, j'espère qu'il est pas en train de me draguer. Il me confie qu'une fois que qui que ce soit qui prenne la chambre, il veut l'avoir à son retour d'Inde tellement elle est bien. Du coup, sans avoir eu la chance de voir les autres collocs, je me dis qu'ils doivent valoir le coup. Enfin, en tout cas, c'est pas des grosses brutasses casseurs de pédés. Ou alors A. est maso. On va dire que non. J'arrive à prendre congé, et m'étant engagé à récupérer la chambre vers mi-mai. Putain, c'est pas trop tôt, un truc qui marche bien dans ma quête.

Retour motel. En l'absence de la solution Trojan Housing, je me retrouve à devoir me rabattre sur des familles d'accueil. Heureusement, mes parents m'ont mâché le boulot. D'après le dernier mail de ma mère, une femme (Mrs. C.) est prête à m'accueillir le lendemain à midi pour visiter sa maison. Ça tombe bien, étant donné qu'on est vendredi soir et ma réservation au motel se finit dimanche. Matin.

Le soir, j'entends des voitures de police passer, toutes sirènes dehors. Comme souvent. Bon, ce soir, il y a un hélicoptère en plus. Tiens, du coup, je repense au jour où j'en ai vu débouler 5 à la suite, façon poursuite de films avec déboîtements violents sur les voies de gauche. Vaut mieux pas être un piéton qui essaie de traverser quand ça arrive. Parce qu'ils s'en foutent, eux, ils roulent.

Samedi

Je me lève tôt, déjeune tôt, et me met tôt en quête d'un trajet de bus me permettant de rejoindre la maison en question, qui est pas si loin, mais en distances angeliennes. C'est à dire à une heure de bus. Eh oui.

Je me point à l'arrêt pas loin, avec un bouquin pour patienter dans le bus. C'est con, pasque c'est à l'arrêt que je patiente, en fait. Le bus a dix minutes de retard. Vingt. À quarante, je commence à me poser des questions. J'appelle Mrs. C. pour lui dire que je serai en retard. Je devais prendre le bus avant onze heures, on approche midi. Je lui dis que je vais rentrer chez moi pour trouver des itinéraires alternatifs. Ce que je fais, donc.

C'est vers deux heures que je repars tout content avec quatre trajets différents. Bon, le premier, c'est celui que j'ai pris tout à l'heure. Je vais éviter. Le deuxième, c'est le même bus, mais l'arrêt est un peu plus loin. On va voir. Tiens, ça pourrait marcher, je viens de voir passer un bus de la ligne que je dois prendre, mais dans l'autre sens.

Bon bah ça marche pas, hein. Pas grave, troisième itinéraire. L'arrêt est pas loin, la ligne est différente même si le trajet ressemble un peu.

Bon. Bah quand ça veut pas, ça veut pas.

Dernier itinéraire. Il est plus loin, il faut que je marche. Allons bon, j'arrive dans un truc couvert et moche, on dirait la station des Arènes, mais en beaucoup plus sombre et désaffecté. Je vois pas où on peut attendre les bus. Peut-être qu'en montant les escaliers... Oh bordel, c'est une freeway ! Autour de moi des voitures filent à une allure monstrueuse. 6 voies à gauche, 6 voies à droite. Et au milieu, une espèce d'îlot. Un abribus de chaque côté, et une bretelle sur la freeway pour chacun. Les bus prennent la voie tout à gauche, ralentissent un chouia, s'engagent sur la bretelle et passent devant l'arrêt. Et si ceux qui y sont semblent pas se manifester, le bus fonce, normal. Mais j'avais jamais vu un bus rouler aussi vite. J'en laisse passer un ou deux, appréhendant. Puis finalement, je tente. Le bus me lâche un peu plus loin, à l'arrêt que je voulais, en plein Downtown. Et là, ç'a vraiment rien à voir avec ce que je connais de Los Angeles. Des immeuble immenses partout avec des panneaux publicitaires qui les recouvrent entièrement. C'est dément. Mais c'est énorme !

Je prends avec succès mon second bus, qui m'amène là où je veux, plus que quelques arrêts et j'y suis. Ah non, en fait, c'est une ligne courte, c'est le terminus, monsieur. Meeeeeeerde. Forcément, avec le retard que j'ai pris... J'aurais dû vérifier si certains ne desservaient la ligne qu'en partie. fait chier.

Heureusement, le chauffeur est sympa, il m'avance un peu, et m'indique la voie à prendre. C'est pas si loin, j'arrive enfin chez Mrs. C.. Devant sa maison, un panneau marqué "Hope. Obama '08". La propriété est superbe, dedans comme dehors, comme sur les photos. On se croirait dans Desperate Housewives, c'est ouf. C'est une jeune grand-mère, veuve depuis un an, encore très active vu qu'elle forme des profs pour enseigner un programme d'histoire des valeurs américaines via l'art dramatique qu'elle a composé elle-même. Son mari était réalisateur à succès, elle a un peu voyagé en Europe quand celui-ci a dû présenter un de ses films à plein de festivals.

Elle m'apprend qu'elle doit partir jeudi et revenir le 18 mai et que pendant ce temps, deux Françaises sorties d'école de commerce sont censées venir 5 jours à partir de jeudi ou vendredi pour faire du tourisme et être hébergées chez elle. Oulà, ça sent mauvais.

'So, the room will be available on June 5.'

Et meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde. Je lui explique qu'il doit y avoir un malentendu, que j'ai besoin de la chambre maintenant, que je suis à la rue demain. Ah. Elle réfléchit, et me dit qu'elle va voir si ça fait chier les Françaises de partager la maison pendant ces cinq jours.

Elle téléphone à l'une des deux, lui explique la situation, me la passe. On discute. M., la Française, serait absolument d'accord tant que je fous pas le bordel. C'est pas mon but. Et qu'elles peuvent profiter de leurs vacances. En plus, c'est bien, comme ça elles pourront négocier une remise sur le prix de la location, peut-être.

Et voilà. Je peux venir m'installer le lendemain. Énorme ! Tout se passe tellement bien, enfin !

Je rentre en bus, panique quand je vois que le premier semble plus aller où je veux. Mais même quand je panique je suis bon : je suis descendu au mauvais arrêt, soit, mais c'est quand même un arrêt marqué sur un autre de mes itinéraires. Donc je trouve tout de suite le bon bus pour rentrer. À savoir celui que j'ai attendu une quarante minutes le matin même. Oui, mais dans ce sens ça marche.

Tout va comme sur des roulettes, il me faudra juste retirer 400 $ pour compléter les 500 que j'ai déjà et pouvoir payer le premier mois. Avec mes parents sur MSN, on convient que le taxi serait peut-être une bonnne solution avec les valises et tout. Pas faux. Je maile Mrs. C. pour savoir si elle aurait une compagnie de taxi à me conseiller.

Elle répond. Oui, elle a une compagnie à me proposer. Et elle en profite pour dire qu'elle a oublié de parler du security deposit, une sorte de caution, semble-t-il, et qui s'élève à autant que l'autre mois. Et qu'il faut rajouter les 6 jours d'avril.

Oh merde. Maintenant, c'est 1300 $ que je dois retirer le lendemain matin. Non, 1500 $, pasqu'il faut qu'il m'en reste un peu. Et ça veut dire que pour elle, je reste tout mai. Bon, soit, pourquoi pas. Je récupère la chambre près de l'USC vers le 20, alors pourquoi pas. Et ça sera toujours moins cher que le motel. On passe la nuit avec mes parents à s'arranger pour pas que je fasse sauter mes plafonds de retrait. Il est 2.30 am chez moi. Je vais me coucher.

Dimanche

7.00 am, je suis debout. Je vais déjeuner. Je vais à l'USC. Tiens, ils ont tout décoré en rouge et or, couleurs de l'université. Ah, d'accord. C'est l'accueil des élèves qui y ont été admis et qui y rentrent l'an prochain, accompagnés de leurs parents. La classe ! Il y a là tout un tas d'étudiants qui ont réussi à passer à travers le filtre d'une double sélection : sur leurs compétences scolaires d'abord, mais aussi sur leurs compétences financières, bien sûr. N'importe qui peut pas se le payer, malgré les nombreuses bourses qui existent pour tout un tas de trucs.

J'arrive à retirer mon liquide, en utilisant deux cartes différentes, et deux distributeurs différents. Tout en billets de 20 $, pas l'air con, tiens. Pas grave.

Je rentre au motel, plie tout, range tout, fais mes valises. J'appelle un taxi pour 11.30. Mes parents m'appellent pour les dernières recommandations. Il est 11.15, je peux prendre mon temps pour leur parler. Ah bah non, le taxi est là et il m'attend. Très bien, je raccroche, j'y vais sans revérifier une dernière fois la chambre. Je pose mes valises à côté du taxi, je vais rendre la clé. Le chauffeur a chargé mes bagages, je prends place. C'est parti.

Au revoir, Vagabond Inn.

2 commentaires:

  1. Tu as demandé à Pierre Richard de scénariser ta vie ?
    Heureux de voir que tu as un logement provisoire en tout cas.

    RépondreSupprimer
  2. Alors, c'est impressionnant L.A., non ?
    Les arrêts de bus sur les freeway, c'est quelque chose.....
    Quant aux fleurs plantées dans le parc, je préfère la vraie fleur du coin !

    RépondreSupprimer

Ouèch, lâche tes com's.