dimanche 31 mai 2009

Normandie with no cheese

Semaine du 18

Bon, comme je l'ai dit. Il a fallu que je retourne m'occuper des plantes chez Mrs. C.. Ce que j'ai donc fait, avec un petit sac à dos et mon ordi, jusqu'à son retour le mardi soir.

Du coup, j'en ai profité pour prendre, à la demande générale d'Audrey, des photos de "la maison du Desperate Houseman", que je poste donc ici (par contre, j'ai oublié d'en prendre depuis l'autre côté de la rue pour rendre le côté pelouse trop verte pour le climat et qui semble coupée au millimètre comme on ne peut en voir que dans les banlieues américaines).



Et mercredi soir, me voilà dans ma nouvelle maison, et ce pour de bon. Un peu plus loin que ce que j'espérais de l'entrée de l'USC la plus proche qui se trouve sur Vermont Avenue. À trois blocs de là en fait, ce qui est bien, mais pas top. Entre dix minutes et un quart d'heure de marche. C'est pas horrible, mais c'est chiant, avec le portable et caetera. Et pour faire des courses, c'est pire. Si je veux acheter autre chose que des paquets de chips, il faut que je me rende au nord du campus, c'est à dire loin. Loin à pied en tout cas. Me faut définitivement un vélo. Par contre, j'ai une autre très grande voie angelienne à deux pas de chez moi : Normandie Avenue. Mais bon, à part deux trois épiceries miteuses, bah ya rien.

Sinon, fin de semaine à peu près normale. Dr. V., rentré mercredi, nous briefe rapido sur comment accueillir Mat., un postdoc slovène qui doit passer la semaine suivante au labo.

Ah si, un truc sympa. Vendredi, j'ai passé ma matinée au bureau à l'ISI. Puis à un moment, chuis allé pisser (passionnant, hein ?). Et quand je suis revenu, je me suis aperçu d'un truc qui devait être là depuis quelques heures (quelques jours ?) déjà, mais qui m'avait pas frappé.

Sur la porte, en dessous de celle de Z., une plaque portant mon nom. La classe.

Samedi

Rien. Enfin pas grand chose. V. a dû rester au labo faire des expériences. Oui, c'est ça qui est chiant avec la bio. Tu peux pas vraiment remettre au lendemain certaines expériences. Pasqu'il y a des trucs vivants. Eh oui.

Toujours est-il que j'ai donc prévu d'aller déjeuner avec elle pour pas qu'elle se fasse trop chier. Mais avant, je dois aller loin au nord du campus. (Loin à pied. Au niveau de là où je peux faire mes courses) Et pourquoi ? Pour m'acheter un vélo pour 50 $. Un peu vieux, pas mal rouillé, mais en bon état de marche, avec un antivol, un "siège" arrière et un panier. Chuis content. Ya pas à dire, ça change complètement la vie. Pour la peine je fais aussi des courses, je repasse au labo, puis je fais un aller-retour chez moi poser mes emplettes. Moins de cinq minutes pour joindre le labo et ma piaule, le rêve.

Le soir, je fais la connaissance d'une de mes collocs, une Chinoise nommée N. et qui me dit que le lendemain ils (mes collocs) fêtent tous l'anniversaire d'un pote. Comme elle a peur que je m'ennuie, elle m'invite donc à les rejoindre. Je décline gentiment. Passer la journée avec des mecs qui se connaissent tous et qui vont tous parler chinois entre eux, bof. Et puis surtout, surtout, j'ai déjà quelque chose de prévu.

Dimanche

















Le truc prévu en question, c'est un concert : la première des deux journées du JazzReggae Festival, avec comme tête d'affiche Erykah Badu, à l'UCLA.

Je vais y passer la journée, avec V., pour 7 heures de concert, assis sur des serviettes de plage au milieu d'un stade immense bordés par des boutiques en tout genre. J'y découvre que les Amerloques sont friands de frites à l'ail, et de funnel cakes, des espèces de gâteaux ayant la même consistance et le même goût que les churros, sauf qu'il y en a vachement plus.


Semaine du 25

Je passe la semaine à ranger et à faire le ménage. Youhou. Au labo, un thésard slovène est là pour deux semaines. Une de mes collocs, N., a disparu sans même que je m'en rende compte. Pouf pus là. Et en me baladant à vélo pour me rendre à mon boulot, je comprends pourquoi Fallout 1 et 2 ont pour lieu la Californie.


Week-end

Rien. Mais puissamment rien.
Samedi : réveillé à midi, levé à 1.00 pm, devant l'ordi à faire du Skype/MSN/AWP jusqu'à 4.00, à la douche jusqu'à 5.00, heure à laquelle j'ai (petit) déjeuné, et sorti faire des courses vers 7.00. Efficace. Dimanche, pareil, mais en moins pire.

Ce que j'ai oublié

Parce que j'ai oublié un truc, pas si négligeable quand même. J'ai vécu mon premier vrai earthquake. C'était dimanche 17, pendant la soirée, une peu avant 9.00 pm. J'étais assis devant mon ordi, dans la chambre de chez Mrs. C., à faire du rien. À un moment, drôle de sensation, tout tremble pendant quinze secondes, mais sans excès, rien ne tombe. Je sais ce que c'est, je sais aussi que je peux pas faire grand chose. Instinctivement, je prends mes clefs et me dirige vers une arche consolidée proche de la porte de sortie. Et tout ça en laissant mon portable allumé et grand ouvert dans la chambre. Je pensais pas que je serais prêt à tout laisser et à partir en cas de séisme, et je me suis pas mal surpis sur ce coup, mais c'est somme toute plutôt rassurant. Quelques minutes plus tard, j'ai eu droit à une deuxième vague, sans doute une conséquence du premier. J'apprendrai plus tard que l'épicentre se trouve non loin de LAX. Magnitude 4.7 pour le premier. C'est pas rien. Les zones plus proches de l'épicentre pleurent du mobilier.

Et mardi, au labo, après avoir un peu discuté du tremblement de terre de dimanche, rebelote. Tout le monde a abandonné ses activités, on est tous descendus du troisième étage pour aller attendre dehors la deuxième vague qui n'est jamais venue. 4.0 pour celui-là. S., qui est en thèse ici depuis trois ans, n'avait vécu que trois gros séismes angeliens jusque là. Et, du coup, deux de plus en seulement trois jours.

vendredi 15 mai 2009

Avenue of the Stars

Semaine du 4

Au labo, rien de bien nouveau. J'ai droit à mon USC Card, ma carte d'identité prouvant mon statut de visiting scholar, ce qui me permet par exemple de ne pas pouvoir entrer dans toutes les grosses installations sportives (dont une piscine) réservées aux étudiants. Eh oui, j'avais qu'à payer 35000 $ par an, si chuis pas content.

À la maison, par contre, du nouveau. J'ai "chez moi" et pour une semaine le gendre de Mrs. C., J.. En temps normal, il vit dans l'état de Washington, mais il doit assez souvent se rendre à Los Angeles, les studios étant là. 55 ans, deux gosses de 2 et 5 ans, J. est depuis une vingtaine d'années l'acteur qui a le droit d'endosser le costume de la mascotte officielle de la chaîne de fast-food Jack in the Box. Tout le monde le connaît, mais personne ne le reconnaît, vu qu'il se trimballe en permanence avec une grosse tête de clown dans les événements où il joue Jack. Fun fact, son avatar et lui-même partagent presque le même prénom, sauf que pour J., c'est à la française, famille pied-noir oblige. Et d'ailleurs, il parle un peu français, et c'est marrant. Bon, ça c'est en discutant un peu que je l'ai appris. Il m'a pas déballé ça en arrivant.

Non, en arrivant, il s'est présenté, rapidement, et après m'a demandé :

'Do you smoke pot?'

C'était pas une question suspicieuse, c'était une proposition.

'It's the best. From British Columbia.'

Bah merde, je voyais pas le Canada comme ça... Devant son pétard tendu, je lui ai expliqué que je fumais pas, et que le poumon tout ça.

'Oh. No problem. I have cookies too.'

Putain. Des space-cookies. Bon, il repartira sans que j'y aie goûté. Mais merde, ce type est trop bon, je vais pas m'ennuyer cette semaine. Et en plus il me fait à bouffer le soir. Énorme.

On a des discussions très intéressantes, comme par exemple le fait qu'il culpabilise un peu de tourner toutes ces pubs pour Jack in the Box parce qu'elles entraînent les gens à aller au fast-food, et du coup, il est un peu responsable de l'obésité des Américains de la côte Ouest. Quand je lui réponds que personne est obligé d'aller y manger, il a un répartie toute trouvée : ils rendent ça fun en faisant des pubs marrantes. Et c'est vrai que leurs pubs sont marrantes. Rien à voir avec celles de leurs confrères de Burger King ou de Mc Donald's. Ni avec la moyenne des pubs à la télé.

Autre sujet sympa. J. est convaincu que malgré le premier amendement de la Constitution garantissant la séparation de l'Église et de l'État, les États-Unis sont encore très très portés sur le fait religieux (confer le week-end précédent avec le toubib qui me voyait soit catho soit juif) pour une raison bien particulière : leur jeunesse. Pour lui, le désintérêt progressif des Européens pour le culte et la montée de l'agnosticisme est la preuve que le Vieux Monde est passé à autre chose et n'a plus besoin de la religion pour être guidé. Au contraire, les USA sont en plein dedans parce qu'ils n'ont que 500 ans d'existence, et la religion leur est nécessaire pour encadrer moralement les citoyens.


Samedi

On est censés aller à Hollywood avec V., en partant à 11.00 am. Je dis "censés", pasque les bus sont pas d'accord. Plus exactement, le bus que doit prendre V. ne fonctionne pas à cause d'une manifestation pour récolter des fonds pour le cancer du sein. À l'occasion, ça me permet d'apprendre que la femme de J. a survécu à un cancer l'an dernier, et ce sans chimiothérapie. J. est convaincu qu'il y a une grosse partie de mental là-dedans, et que l'effet placebo est pas pour rien dans la guérison (quel que soit le "médicament" en question : foi en Dieu, foi en les docteurs, foi en la science, foi en l'homéopathie, etc.). La médecine est importante, mais le mental est pas négligeable. J'apprends aussi que J. est atteint d'une des plus graves formes d'hépatite, et qu'il compte bien la vaincre principalement en étant convaincu qu'il va s'en sortir. Pour sa femme et ses gosses.


2.00 pm, la manif se finit, on peut prendre le bus, et aller à Hollywood. Et pour le reste de la journée, je pense que les photos parlent d'elles-mêmes.

(Bon, en vrai, j'en ai beaucoup plus, mais c'est chiant à ajouter alors j'arrête)


Dimanche

Quand j'ai dit vendredi soir à J. que je voulais tester le cinéma à L.A., il a pris la résolution de m'emmener dans un des plus gros cinéma de la ville, et dans ce cinéma, dans la plus grosse salle, pour vivre un film en IMAX. À la limite, le film importe peu. Au début, on devait aller voir Star Trek le dimanche aprèm. Le problème, c'est que les horaires sont tout pourris, donc va ptêt falloir se rabattre sur un autre film.

Sauf que, à 10.00 am, J. me réveille et me dit qu'il y a une séance pour voir Star Trek dans une heure et demie, mais qu'il nous faut partir dans une demi-heure maximum. Pas de problème, je m'habille en vitesse, J. m'offre de son oatmeal, sorte de porridge à base d'avoine, et on est partis, direction Burbank. Ça roule bien. Un autre avantage d'être dans un pays très religieux, me dit J., est que le dimanche matin, les gens sont à la messe plutôt que d'aller au cinéma. Pas faux.

J. me paie ma place (11 $) et un putain de gros paquet de pop corn. La salle est immense, l'écran aussi. Le film est sympa, plein de références. Sauf qu'avec le son et l'image version IMAX, bah... D'une séance sympa due au film sympa, on passe à une séance énorme. On a juste l'impression d'y être. Ce qui est pas totalement faux, vu qu'après tout le film a été tourné à peine à quelques miles de là...

Le soir, J. m'emmène manger mexicain au restaurant Lotteria situé en plein milieu du Farmers Market. Ce dernier est un marché fondé en 1934, et qui continue d'exister depuis. Alors bon, c'est un marché à l'américaine. Quelques fruits et légumes, certes. Mais aussi des magasins de stickers ou de souvenirs. Et surtout, plein de petits restaus, et plein de tables pour pouvoir s'asseoir et déguster les plats commandés tout autour. J. commande un assortiment de tacos pour que je puisse goûter à tout. Et il m'offre le repas... Avant qu'on s'en aille, il me signale un mec qui était là pour acheter des noix au marché et me dit que c'est un humoriste très célèbre se produisant souvent au Saturday Night Live (bien sûr, j'en sais rien et je le connais pas). Et de renchérir sur le fait que c'est un lieu assez prisé des vedettes. Non, pas les bateaux. Et voilà, je bouffe à côté de stars et je m'en rends même pas compte.

J. doit partir le lendemain, il va me manquer, c'était vraiment marrant. D'ailleurs, en partant le lundi, je lui laisse un mot lui disant que si je rentrais pas à temps pour lui dire au revoir, je le remerciais grandement parce que je m'étais bien amusé. En rentrant, trop tard, j'ai eu droit au mot suivant :

'Bonne chance Simon.'

En français dans le texte. Énorme.

Semaine du 11

Mardi, free food (enfin !). Le bureau des services internationaux de l'USC a convié tous les J1 scholars (étudiants et chercheurs étant à l'USC pour une durée "courte" et ayant eu accès au territoire américain à ce titre en utilisant un visa d'échange de type J1) à un petit déj' pour qu'on se rencontre tous. Peut-être une chance de découvrir d'autres Français sur le campus.

Bon, c'est mal parti. Sur la vingtaine de personnes présentes, une bonne quinzaine d'asiates dont une majorité de Chinois, quelques Japonais, quelques Taïwanais (élèves et professeurs). Une Iranienne. Une Argentine. Trois Européens, dont V. et moi-même. Le tout présidée par une élève qui vient de graduater en relations internationales, et par le responsable qui s'était occupé de mon visa.

C'est pas grave, ça empêche pas de faire connaissance. Un Chinois, dont le nom que j'ai sûrement mal compris ne m'a inspiré que celui du Télétubbie rouge, me parle dans un anglais que je bite à 50 %. Quand je sais pas, j'acquiesce. Sinon, il a l'air sympa. Un autre, dont j'ai oublié le nom, me conseille un site, dont j'ai oublié l'adresse, pour trouver un vélo (oui, je cherche un vélo et je suis pas sûr d'être aussi chanceux que V. qui a trouvé un vélo non attaché aux pneus dégonflés dans son jardin, et qui a décidé d'en prendre soin en regonflant ces derniers et en achetant un antivol).

Mais la facilité l'emportant, bientôt s'est formé un petit regroupement des quatre Occidentaux de la salle. Je fais ainsi la connaissance de M. et M. (yes, t'en as j'en veux un bleu !).

Bon, sauf que là ça va être la merde. Jusque là, les gens avaient eu l'intelligence d'avoir des prénoms qui ne commençaient pas par la même lettre. Alors, bon, on va en appeler une M. et l'autre Ma. (même si les deux pourraient être abrégées en Ma., fait chier). Et faites gaffe, cette M. là elle a rien à voir avec M. la Française qui est partie il y a de ça une bonne semaine. Faut suivre, hein.

Donc, je fais ainsi la connaissance de M., qui est néerlandaise, a mon âge, habite à Pasadena et bosse sur le Health Sciences Campus ; et de Ma., qui est argentine, a 23 ans et pour le reste je sais plus. On prévoit de se retrouver tous les quatre ce vendredi pour voir la cérémonie du commencement, c'est à dire la remise des diplômes, présidée par le gouverneur de Californie en personne. Et c'est qui le gouverneur ? Et oui, c'est Schwarzy.

Mardi aprèm, S. est pas là pasqu'elle est malade. Je passe la journée au labo à faire rien. Enfin, non, pas rien, je continue de monter le wiki pour Another World Project que j'ai récemment mis en place.

Mercredi, Z. est pas là pasqu'il est malade. Je code un peu, je teste mes scripts qui veulent toujours pas me donner de bons résultats. Les auteurs de toutes les publis que je trouve arrêtent pas de blâmer leurs prédécesseurs parce qu'ils ont pas utilisé la bonne formule. Ils en donnent une autre, en disant que ça marche mieux. Sauf qu'en pratique, bah, je vois pas l'amélioration. Pas grave. J'en ai marre. Je fais rien. Enfin, non, pas rien, du AWP.

Jeudi, j'ai enfin quelque chose à faire, grâce à V.. Voyant que je commençais à me faire chier, elle m'a pris comme assistant pour enlever la peau de ses graines d'orge, pour préparer des solutions sucrées, et caetera. Elle m'avoue que c'est pas passionnant. M'en fous, moi chuis ravi, j'ai un truc à faire !

Vendredi, enfin, le commencement ! Ya du monde partout, c'est fou. Une grande file s'est formée avec tous ceux qui sont là pour perdre leur statut d'undergraduate (à ce propos, j'ai découvert que je n'étais plus un undergraduate, mais un graduate student, dans le système américain. C'est énorme). C'est très très dur de circuler, entre les familles, le service d'ordre réquisitionné pour la journée, et tout le bordel. J'arrive enfin au lieu du rendez-vous, l'arrière de la bibliothèque où se tiendra les discours, et où on a eu droit à notre free food de mardi matin. J'y retrouve M., et c'est tout. On attend, puis on attend plus et on va prendre des chaises là où sont censés s'asseoir les familles et les jeunes diplômés. Mais bon, on s'en fout.

Et c'est là que c'est marrant. Chaque chaise non occupée a un petit bouquin déposé sur le siège. Dedans, le détail de tout le commencement, l'ordre des discours, l'heure et le lieu des cérémonies satellites (une cérémonie par département, en gros), le nom de tous les nouveaux diplômés et surtout surtout, une description des personnes recevant le titre de Docteur honoris causa. Une double page est consacrée à deux nouveaux Doctors of Humane Letters.

La première, Frances Wu, se voit attribuer ce titre pour son boulot en psychologie auprès des enfants, puis auprès des vieux au moyen d'associations, de fondations, de dons, et caetera. Le second, une certain Arnold Schwarzenegger, pour son boulot dans Terminator, Predator, Total Recall, et caetera. Pis à un moment, c'est au tour du Govern(at)or, nouvellement docteur, de prendre la parole, pour nous décrire la splendeur du rêve américain, du fait que sa mère le croyait gay parce qu'il affichait des posters de mecs bodybuildés quand il était gosse, de comment persister dans son rêve lui a permis d'arriver aux USA, le meilleur des pays selon lui, et de devenir la star qu'il est au lieu d'être fermier en Autriche. Un discours plutôt sympa, en fait, même si là ç'a pas l'air.

Et puis musique, pendant que tous les diplomés défilent en habits or et rouge. La fanfare joue du Pat Bénatar, et moi je me marre. V. nous retrouve enfin. Elle avait appelé un peu plus tôt du labo, ne sachant pas venir au point de rendez-vous. Mais avec le monde, ç'avait été impossible de la guider jusqu'à nous. On va manger chez elle tous les trois, où je photographie le frigo de ses collocs, ersatz de Paris Hilton, peroxydées et en sororité. On revient au labo mollement, et la journée est finie. Heureusement, parce que le lendemain, ça va chier, je déménage.

Je fais ma valise, réserve un taxi pour le lendemain matin, et dodo.

Week-end

Le taxi arrive trop tôt, je finis ma valise et embarque tout en bordel précipitamment, mais c'est pas grave si je laisse quelques trucs, vu que je vais revenir passer un ou deux jours ici à West Hollywood le temps que Mrs. C. revienne. Pour arroser les plantes, et lui rendre les clés, aussi. Bref. Et me voilà enfin arrivé dans ma nouvelle maison, à trois blocs de l'USC, que je vais pas quitter jusqu'à la fin de mon séjour.

Rions un peu en attendant les symptômes...

Hmm... Deux semaines ont passé, et le nombre de masques a augmenté de....

Deux, un la première semaine, un la deuxième, les deux dans le bus où se trouvent maintenant des petites brochures sur comment faire pour éviter de propager la maladie (entre autres : éviter les malades, rester chez soi si on est malades, se laver les mains souvent, ne pas se frotter les yeux ou le nez, et ne pas se faire éternuer dessus).

Le compte est donc maintenant de 5 masques ! Wouaw.

Eh beh, on a connu plus méchant, niveau pandémies...

vendredi 8 mai 2009

Road Runner

Samedi

Comme je fais rien aujourd'hui, l'éventuel barbeuc' du week-end étant tombé à l'eau, je profite de la matinée pour faire des courses. Passionnant.
Et comme je fais rien non plus cet aprèm, M. et N. me proposent de m'embarquer avec elles dans leur bagnole de location pour aller voir les plages de Malibu. J'accepte, évidemment.

Ce matin, elles sont allées voir du côté d'Hollywood, Walk of Fame, tout ça... La guide qui les accompagnait leur a signalé que pas très loin, à la table juste là-bas, vous pouvez observer un des membres d'AC/DC. Mais elles se rappellent plus de son nom.

- Euh...
- Angus Young ?
- Ah oui, c'est ça, Angus Young.
- Vous avez vu Angus Young ce matin !
- Bah ouais.
- Putaaaaaaaaaaaaaain !
- Boaf, on aurait préféré voir Brad Pitt.

Aaaaaaah, elles ont vu Angus Young, et elles en ont rien à péter. 'Tain.

Toujours est-il que me voilà parti avec les filles, direction Malibu. Après en avoir modérément chié avec la carte, on arrive à destination. Mais pas moyen de trouver une plage en accès à peu près libre pour voir où Pamela a couru au ralenti dans son maillot rouge. Et le réservoir est presque vide. Hop, petit tour à la station essence. Le mec de la station a jamais entendu parler de Baywatch. Par contre, le type en Ferrari à la cinquantaine bien tapée qui est en train de faire le plein connaît. Bon, moi, ça j'en sais rien, chuis toujours dans la bagnole. Je vois juste les filles commencer à discuter grave avec le mec en Ferrari. Elles reviennent.

Le mec à la Ferrari est un médecin qui leur a expliqué que toutes les plages de Malibu sont privées, mais que pour qu'elles puissent en voir une, il les invite à passer chez lui. Et moi aussi, du coup, même s'il sait pas encore que j'existe. On suit la Ferrari, la voiture de location a du mal à suivre ses accélérations. On arrive devant une maison qui a pas l'air très grande en façade. On sort, il remarque que je suis là, nous fait entrer chez lui, où des baffles gueulent plus que de raison. Il coupe le son, nous parle de sa femme, de la clinique qu'il a fondée avec un ami, du fait qu'il l'ait revendue et du magasin de bateaux dont il est le patron maintenant.

Il nous amène sur son balcon. Oh putain, la plage, et l'océan. Juste devant. C'est son bout de plage. Pas grand chose, même pas vingt mètres. Mais c'est sa plage. Et au loin, on peut voir des dauphins qui sautent hors de l'eau. C'est l'endroit le plus cher du coin au square inch. Tu m'étonnes. Et à deux maisons de là vivent les Osborne. Eh oui, le médecin l'admet, il est le pauvre du quartier. On continue la visite de la maison.

'It's very compact.'

Effectivement, la maison, bien que richement fournie, a pas l'air fabuleusement immense. Sauf que chaque fois qu'il ouvre une porte, une chambre se cache derrière. Et dans chacune d'elles, un écran plasma.

'I love high definition.'

On revient dans le salon. Là, il nous montre un catalogue de ses bateaux, et nous explique que c'est ceux de Miami Vice. Puis il nous dit qu'il est disposé à nous inviter à manger à Santa Monica ce soir, si on est libres, bien sûr, il veut forcer personne. Ils sont riches, sa femme et lui, mais ils aiment faire profiter. Sinon, ça sert à quoi d'avoir du fric. Il nous parle du rêve américain, de comment lui y est arrivé, et du bien qu'Obama fait aux USA.

'America is beautiful because you can find every country in it. And if you dream, you can... You can become your dream.'

Il revient de Las Vegas, il conseille les filles au niveau hôtel, puis il finit par nous demander nos noms. Quand je dis le mien, il me demande si je suis catholique. Forcément, avec un nom d'Espagnol, l'amalgame est vite fait, ici. Mais je lui réponds que non. Ah... Juif alors ? Ah bah oui, forcément, mon prénom. Sauf que non, non plus. J'en dis pas plus, il a dû en déduire que j'étais protestant...

Il nous raccompagne vers la porte, nous file sa carte, on sait jamais, pour ce soir. Et juste avant qu'on parte, il fait volte-face pour nous monter quelques photos encadrées, il énumère un tas de noms dont je me souviens pas, puis prend un autre cadre que j'avais pas remarqué. Et j'hallucine.

'And here, Mel Brooks and Gene Wilder.'

Oui, j'avais reconnu. Le médecin est un de leurs potes. D'ailleurs, pendant un temps, c'est chez lui qu'ils ont rédigé le scénar de Young Frankenstein, et à ce titre, il a contribué à l'écriture avec quelques conneries. Mieux, ils l'ont même fait jouer dans le film, mais sa scène a été coupée au montage. Putaiiiiiiin, mais c'est quoi cette ville, bordel ?

On s'en va, on mangera pas avec lui ce soir, même si voilà. Mais moi, j'hallucine toujours.

Dimanche

Aujourd'hui, grande journée en perspective. Romain, qui est en stage à Caltech, a eu la bonne idée en tant qu'escaladeur émérite de proposer d'aller faire un tour au Joshua Tree Park avec Loïc et Julien, qui sont venus de San Diego pour le week-end avec une bagnole de location, et Quentin qui vient d'arriver à l'UCLA, ainsi qu'un petit groupe de mecs qui sont à Caltech pour leur postdoc, un stage, ou leur thèse. Je retrouve donc la fine équipe le matin à 6.30 am devant la maison. Ils craignaient de me retrouver poignardé ou une balle dans le buffet, pasque Quentin a entendu dire à l'UCLA que l'USC était dans un quartier dangereux. Bon, ils se trompaient à double titre. D'une, l'USC est un peu plus au Sud que les quartiers vraiment chauds de Downtown. Et de deux, la maison est super loin de l'USC, je le sens tous les jours dans mon heure de bus biquotidienne.

Les 200 bornes nous séparant du parc avalées, on voit enfin le champ d'éoliennes de Rain Man dont ils parlent dans Le Routard. Mais c'est bien plus impressionnant que ce à quoi on s'attendait. Y en a partout. Et un vent pas possible. Les Joshua Trees font leur apparition sur le bord de la route. Des monts rougeâtres se dressent un peu partout, certains ont même de la neige à leur sommet. On a du mal à y croire.

On arrive au parc. Le paysage est irréel. Le désert partout. Des boulders, des Joshua Trees, et c'est tout. Tout autour. Partout. On s'attend à croiser des coyotes, ou des roadrunners, ou des serpents. On sait qu'il y en a, c'était marqué sur la carte de la petite boutique où on s'est arrêté boire un café dans le dernier village (nommé, assez originalement, Joshua Tree. L'avant dernier étant Yucca Valley...).

Les escaladeurs se mettent à escalader. Et en passant, ils nous indiquent un gros boulder qui, paraît-il, peut se grimper tout seul, sans équipement. Bon, vu de là où on est on dirait pas, et on a du mal à croire à la "pente progressive" qu'on nous promet. On avait tort. On a du monter une cinquantaine de mètres sans trop de mal. Après le port d'Amsterdam et le lac Léman, je peux maintenant dire que j'ai pissé dans le Joshua Tree Park. La classe.

Les escaladeurs escaladent toujours, on va faire un petit tour en voiture avec Julien et Loïc. On passe par un point de vue, où on arrive à distinguer au delà de la brume un mont se trouvant à la frontière mexicaine. Et dans la vallée, un trait presque invisible ressemblant à une route se révèle être la faille de San Andreas.

On revient, on récupère Quentin, on laisse Romain escalader avec les escaladeurs, et on s'en va. On a juste le temps de passer à Palm Springs si on veut que Julien et Loïc soient à San Diego à l'heure pour rendre la bagnole. Après beaucoup de mal, et un arrêt dans un Burger King, on trouve enfin. Et c'est nul. Ça ressemble à rien, on s'attendait à des maisons gigantesques. Bon... Y a de jolies maisons. Mais bon, ya aussi énormément de pompes à essence. Et de fast-foods. Deux rues parallèles à sens unique. Et c'est tout. Mouais... Pas grave, je resterai plutôt sur le souvenir du Joshua Tree Park, tiens...

vendredi 1 mai 2009

Desperate Houseman

Dimanche

Et bonjour, maison de Mrs. C. !

Le taxi me dépose juste devant, et c'est heureux. Pour 30 $, valait mieux... Mon barda va dans la chambre, le Wi-Fi est vite mis en place, les tiroirs vite remplis. Je me déleste sans attendre de mes presque 1900 $ en coupures de 20.

Et c'est là que les emmerdes continuent. Mrs. C. m'apporte un reçu qu'elle a fait pour attester que j'ai bien payé ce que je devais, et la durée de la location qui va avec. J'y apprends à mon grand désespoir que le security deposit, ç'a rien à voir avec une caution qu'elle garde au cas où je pète une table en verre. C'est le paiement du dernier mois. Bon, pas grave, je reste que trois semaines. Ah mais apparemment, c'est pas ce qu'elle a compris. Meeeerde. J'aime pas ça.

Du fait que je lui aie dit la veille que mon stage finissait début août, elle avait tout d'abord déduit que je restais jusque fin juillet chez elle. Puis, quand je lui ai dit, toujours samedi, que je risquais de pas habiter chez elle jusqu'au bout, elle a compris que je restais là en mai et en juin. Meeeerde. Comment faire passer ça ? Je vais pas lui dire que pour moi c'était clair que je comptais me barrer le 15 mai parce que j'ai déjà autre chose ailleurs, alors que je l'ai volontairement pas précisé avant pour qu'elle accepte de m'accueillir, tout en pensant que je pourrais partir quand je voulais, vu qu'on avait rien décidé comme date de fin.

Et puis voilà. Un mensonge. Histoire de s'en tirer, de pas avoir de confrontation. Et du coup, bah, j'avais mal compris. Parce qu'en fait, au labo, ils sont en train de me chercher une maison (c'est pas tout à fait faux, Z. a bien cherché une annonce pour moi sur Craigslist quand je suis arrivé, après tout). Bon, c'est pas encore sûr, hein. Mais si ça arrive, c'est vers le 20 mai. Voilà. Du coup, je sais pas encore.

'But I need to know it. Understand, if I was aware that you may not be here in May, I would not have done things that... Oh, I'm so disappointed.'

Fait chier. Bon, euh... Oui, bah, c'est parce qu'on s'est mal compris. Je parle pas encore assez bien anglais, du coup, j'ai pas compris, on va dire. Ça m'arrange, même. Bon, je leur demanderai demain où ils en sont. Voilà. On en reparle demain soir. De toutes façons, elle est pas là ce soir.

Pour le moment, je pars en repérage dans le coin. Little Ethiopia, le LACMA (Los Angeles County Museum of Art), le Miracle Mile, le coin est très sympa. Ne seraient ces histoires de loyer...

Lundi

Hop, étape suivante dans mon mensonge. Sitôt arrivé à l'ISI, j'envoie un mail confirmant que le labo m'a bien trouvé une chambre disponible à partir du 16 mai. Et que je compte m'y installer à cette date. Et que je suis désolé de causer du souci (ce qui est vrai), qu'il y a eu malentendu (ce qui est en grande partie vrai), et que je suis prêt à partir dès le lendemain en réglant pour les deux nuits s'il le faut, histoire de tout mettre à plat (ce qui est vrai, mais m'emmerderait pas mal). C'est rentre dedans. Pas de concession. J'ai peur de devoir retourner au motel. Je reçois une réponse un peu plus tard me disant qu'on en parle ce soir. J'ai encore plus peur.

À part ça, Dr. V., qui m'a fait rentrer dans le labo, en l'absence de Z., me demande si je sais quand ce dernier est censé arriver. Je suis moi-même là depuis 9.30 am. Dr. V. doit lui être arrivé vers 4 ou 5 heures du mat, comme à son habitude. Mais je sais pas quand Z. arrive. Ah, un texto. Bah si, en fait, je sais quand Z. arrive.

'He will be there at 12.15.'

Et Dr. V. de m'interroger sur les horaires des thésards français. Bah je sais pas, je suis pas thésard. Et des undergrad students ? Bah, c'est fixe, vu qu'on a des cours. De la recherche ? Bah avant ça j'ai juste fait un stage en labo d'un mois. On venait entre 9 et 10 heures. Et on repartait entre 16 et 17. Mais bon, parfois, quand on lançait une simulation qui dure 15 heures, bah on montrait qu'on était là, mais on faisait pas plus. Bon, il voit que je veux pas prendre parti. Et il m'explique :

'When I was a grad student, it would have been unthinkable for me to come to work at 12.15. Unthinkable! And do you know why? Because I wanted to be there.'

Et bim.

Je lui dis qu'il est possible après tout qu'il fasse des trucs depuis chez lui, vu que pour lancer des simulations, ya pas forcément besoin d'être au labo. Il me répond qu'il aimerait bien y croire. Re-bim.

Z. arrive, je continue le tutoriel censé m'apprendre comment me servir du programme de simulation utilisé dans le labo.

Je rentre, on parle loyer avec Mrs. C.. Elle me demande si j'ai visité l'appart. Je réponds que non, mais que j'y vais le lendemain. Elle me dit qu'elle est embêtée vu que pour elle je restais jusqu'au 31 juillet. Puis jusqu'au 30 juin. Puis en fait même pas juin, ni même vraiment mai. Alors, elle me demande si un compromis faisant finir le bail fin juin m'irait. Je réponds que oui, vu que de toutes façons, je considérais qu'un mois commencé devait être réglé entièrement vu que sa maison n'est pas un hôtel, et que les tarifs sont pas les mêmes au jour et au mois.

Tout va bien. Une fois tout ceci réglé, Mrs. C. me fait découvrir un des ses programmes télévisés préférés : le Rachel Maddow Show, sur MSNBC. C'est un magazine d'information, traitant les nouvelles avec pas mal d'humour, mais avec sérieux et surtout, sans tomber dans le divertissement caricatural dont les Américains ont l'habitude de remplir leurs JT.

Mardi

Je pars tôt de chez Mrs. C., group meeting oblige. Comme la semaine dernière, pas de présentation. Comme la semaine dernière, tour de table où j'explique rapidement que j'ai trouvé une maison, que je remercie tout le monde, et que je suis en train d'apprendre ça, et puis ça aussi.

Dans le labo, Dr. V. corrige rapidement les trois diapositives de ma présentation. Pas de grandes modifications, l'essentiel est bien compris. Ça me fait plaisir.

Un peu plus tard, Dr. V. me fait part du fait qu'il a un voyage dans quinze jours pour aller présenter les derniers travaux de l'équipe en Roumanie, et qu'au retour il doit passer à Toulouse faire une conférence dans l'institut du docteur T., à savoir le biologiste qui m'a recommandé à Dr. V.. On discute donc de ce qu'il pourrait y avoir d'intéressant à voir pour lui, qui aime pas trop les aprèms musée et préfère se balader. Je lui réponds que c'est parfait, qu'une promenade est une des meilleures façons de faire du tourisme à Toulouse. Je lui conseille quelques églises dans lesquelles entrer, Saint-Sernin et les Jacobins, surtout. Je lui raconte l'histoire de Saturnin et de la rue du Taur. Son hôtel est dans le coin de Victor Hugo, je ne peux que l'exhorter à aller au marché. On en vient à parler de vin. Il aimerait bien s'en faire servir au resto, mais n'y connaît pas grand chose. Je lui parle de Bordeaux, mais c'est, bien sûr, pas très original alors que niveau vins du coin, il suffit de regarder un peu plus au nord. C'est donc sur Cahors que s'enchaîne la discussion. Je lui promets de demander à mon père une sélection de domaines que je lui transmettrai. Ça lui fait plaisir, comme ça il pourra frimer auprès du Dr. M., qui la ramène chaque fois avec le vin. Là il aura de quoi lui clouer le bac. À propos, ledit Dr. M., qui bosse à Villejuif, aimerait me rencontrer à mon retour en France. Dès que celui-ci a su qu'un Français allait bosser dans l'équipe du Dr. V., il s'est montré très intéressé, et donc Dr. V. lui a un peu parlé de moi. Il ne sait pas à quoi ça pourrait m'amener, mais qu'une occasion comme celle-là ne pouvait qu'être profitable. Et je suis assez d'accord avec lui.

En rentrant, Mrs. C. me demande si j'ai reçu son mail. Non. Celui-ci disait qu'elle m'a rendu l'argent du mois de juin. Yes!

Mercredi

Ce matin, ISI, comme tous les mercredis. Z. arrive pas très longtemps après moi, et on continue joyeusement nos trucs, après qu'il m'ait parlé de l'éventualité de m'accompagner vendredi à un "atelier" (la traduction est bancale, je trouve, mais le mot original est workshop) organisé par le département High Performance Computing and Communications (HPCC) expliquant en détail le fonctionnement des clusters, des groupements d'ordinateurs indépendants travaillant ensemble pour calculer plus rapidement et plus efficacement (en français, on parle de grappe de serveurs ou de ferme de calcul, mais c'est moche).

À 1.30 pm, il me propose de l'accompagner à son rendez-vous hebdomadaire avec Dr. V., se déroulant donc deux portes plus loin.
Je suis là en tant que spectateur passif. Dr. V. est en train de se préparer pour son séminaire en Roumanie, et a l'impression de rien avoir à présenter. Z. lui répond qu'il a plein de trucs, mais qu'il lui a pas encore tout fait passer. Et que Dr. V. a déjà un autre truc super intéressant, nouveau, et mené au bout. Ce que Dr. V. admet. Puis, ils parlent d'un étudiant qu'ils envisagent d'accueillir, et du boulot qu'ils devraient lui confier, permettant ainsi de jauger ses capacités, et d'avancer dans les problématiques du labo. J'aimerais bien savoir ce que moi j'aurai à faire au labo... Enfin, Z. parle à Dr. V. du workshop de l'HPCC. Et Dr. V. lui fait comprendre que pour l'instant, il reste certainement trop à faire pour qu'il puisse m'amener là-bas. Donc du coup, voilà. Pour l'instant, on part sur une journée normale pour vendredi, et s'il arrive à tout torcher, il m'y emmènera.

On en profite aussi pour régler un truc. Étant donné que depuis que je prends le bus, j'arrive systématiquement plus tôt que Z. au boulot, il serait intéressant que je me procure un badge d'accès à la partie du bâtiment renfermant le bureau où je bosse. L'ISI étant le siège du MOSIS, qui est une espèce d'entreprise de production de circuits intégrés (faisant au départ partie intégrante de l'USC, et maintenant un peu plus indépendante, si j'ai bien compris), et en plus financée en partie par le département de la Défense américain, toutes les portes sont munies de verrous électroniques, et tout le monde doit présenter un badge pour pouvoir les débloquer. Enfin, tout le monde... Tous ceux qui en ont un, quoi. Pour l'instant, je suis obligé d'appeler Z., ou de demander à la secrétaire à l'entrée de l'étage chaque fois que je rentre dans le bâtiment, même si je n'étais sorti que pour manger. Maintenant, celle-ci commence à me connaître, donc elle me laisse entrer peinard. Mais bon, ça serait plus pratique. Je remplis un formulaire en ligne, j'aurai mon badge dans deux jours.

Je rentre. Pendant le repas avec Mrs. C., on parle de Pagnol. Elle me sort un bouquin qui lui a plus, sur de la physique vulgarisée, chose que j'estime importante pour que les gens arrêtent de considérer les sciences dures comme un truc imbitable par tous ceux qui ont pas ça dans le sang. Il s'agit d'un recueil de lettres de Feynmann. Forcément, là... Je crois qu'on peut pas trouver mieux. Mrs. C. me montre comment faire ma lessive, et va se coucher de bonne heure. Demain, elle doit se lever tôt pour partir pour New York.

Jeudi

USC, as usual. Je continue à observer les expériences de V., assistée par S.. J'apprends le fonctionnement d'un générateur de pulses, le montage qui sert à envoyer 500 volts dans les grains d'orge de V. pendant quelques millisecondes, et ce à de nombreuses reprises. J'apprends aussi comment ne pas m'électrocuter avec.

Pendant le voyage du retour, je découvre avec étonnement qu'il existe des bus aux USA où l'arrêt se demande avec un bouton, comme en France. Je m'explique : jusque là, tous les bus que j'avais pris présentaient sur leurs deux bords latéraux une espèce de cordelette en plastique jaune, parcourant toute la longueur du bus, au niveau des fenêtres. Pour demander l'arrêt, c'est sur ce truc qu'il faut tirer, normalement. Ça présente l'avantage d'être accessible quelque soit la place occupée dans la longueur. Par contre, ça oblige aussi à être du côté fenêtre. Ou alors à parler à des gens. Dans ce même bus, un mec arrête pas de beugler au fond du bus. C'est fou le nombre de mecs tarés que je peux croiser dans le bus, ici. J'apprendrai plus tard que c'est pas juste une impression. La proportion de malades est pas plus grande ici qu'ailleurs, c'est juste qu'il y a moins de structures pour les prendre en charge. Résultat : dans la moitié des bus que je prends, arrive un moment où déboule une fille habillée n'importe comment, et qui commence à chanter à tue-tête. Ou un type habillé n'importe comment, et qui commencer à gueuler en parlant à lui-même. Ou...

De retour à la maison, je fais la connaissance de la femme de ménage, qui me rendra visite tous les jeudis, sans que je m'y attende, et qui me fera une peur bleue parce qu'elle a sa propre clef. Ah pis, comme je voulais manger vite et mal, je suis allé dans un MacDo voir ce qu'il s'y passe. Pas grand monde y va ici, d'autres fast-foods meilleurs et moins chers sont bien majoritaires.B

Vendredi

ISI, mon badge est prêt. Youpi ! Enfin, j'ai ma petite part de rouge et or estampillée USC et ISI, avec mon nom dessus. La classe.

Ce qui est moins la classe par contre, c'est la volonté vraiment modulable que la compagnie de bus Metro met dans le respect de ses horaires. Et je parle pas forcément que de retards, mais aussi de bus qui oublient de passer. Toujours est-il que j'ai dû me taper une quarantaine de minutes de marche, mon second bus ayant décider de me laisser poireauter là où le premier m'avait déposé. C'est dans des cas comme ça qu'on remercie l'organisation si particulière des villes américaines, toute carrée, avec des numéros croissant avec l'éloignement du centre, et allant de cent en cent pour chaque bloc. Sans ça, je sais pas si j'aurais réussi à rentrer sans carte.

Plus tard dans la soirée, on frappe à la porte. Les Françaises. J'ouvre, fais la connaissance de N. et M.. Elles arrivent de San Francisco, sont à L.A. pour visiter le côté "paillettes", et repartent lundi matin pour aller à Vegas. Damn! Ça va courir, ce week-end...

Rions un peu en attendant les symptômes...

La grippe mexicaine, ou plutôt grippe porcine (pour pas vexer les Mexicains) ou encore grippe de type A, sous-type H1N1 (pour pas vexer les cochons) fait rage aux États-Unis, avec une préférence, entre autres, pour la Californie. C'est con, hein ?

L'OMS a élevé son niveau d'alerte pandémique à 5 (propagation interhumaine observée, pandémie imminente), les media français s'affolent, tout le gouvernement américain doit passer après Joe Biden lorsqu'il conseille d'éviter les lieux confinés comme les avions (et donc aussi comme les bus et les métros, d'où le drame). Je rappelle que l'influenzavirus A sous-type H1N1 a été responsable en 1918 de la mort d'entre vingt et cent millions de personnes sous son nom de grippe espagnole.

Le truc, c'est que le virus de la grippe est un virus qui mute énormément, d'où la difficulté à trouver un vaccin. Pour un même sous-type, caractérisé lui-même par son type d'hémagglutinine (H) et de neuraminidase (N) qui sont tous deux des trucs de bios (ou de chimistes, ou de biochimistes), on trouve plusieurs souches, différant par de nombreuses mutations génétiques.

Tout ça pour dire qu'en fait, bah... On sait pas grand chose du virus de la swine flu. Et la panique est loin de se faire sentir dans la vie de tous les jours. Dr. V. prend les choses avec philosophie : pour l'instant, il faut faire des tests, on sait rien sur rien, ça pourrait être mieux mais ça pourrait aussi être pire, et qu'il faut surtout ne pas oublier que la grippe (dans sa version saisonnière connue de tous) tue chaque année des centaines de milliers de personnes, donc pour la nouveauté on repassera.

Et moi, devant me résigner à contre-cœur à voir monter en moi un penchant à l'ostracisme envers les latinos, les malades et les clodos que je peux croiser dans le bus, qu'est-ce que je fais ?

Bah, je compte les masques. Un dans chacun de mes deux bus à l'aller pour l'USC. Et un sur le chauffeur de bus pour l'ISI, ce matin. Je récapitule, 2 jeudi, 1 vendredi, soit :

Un total de 3 masques pour le moment !

C'est triste, je suis sûr que c'est de voir des types avec des masques qui va rendre les Californiens malades...

dimanche 26 avril 2009

House of Pain

Jeudi

Une surprise comme je les aime. Début d'aprèm, après une matinée à l'USC et un déjeuner avec V. passé à s'extasier devant les écureuils qui se foutent sur la gueule, petit tour chez mes amis du nord du campus, un des centres de logement temporaire Trojan Housing de l'USC, dans un coin appelé Cardinal Gardens.

Coucou les gens, j'ai mon formulaire rempli, je veux une chambre du 26 avril au 15 mai. Tiens, salut H.. Ah oui, je précise : H., c'est un des Indiens chez qui j'irai pas pasque c'est crade. Oui oui, je me souviens de toi. Non, je la prendrai pas ta chambre. Bon, bien sûr je dis rien, je fais celui qui pige pas.

'Err, wait a moment, buddy. I don't think the rooms are available before May.'

Euh, non, pas possible, ça. Sur le site y avait marqué 26 avril. Si, si, je me souviens. Ah, il part vérifier, mais je suis pas confiant. Du tout.

Un peu plus tard, je rentre au labo. V. me demande comment ça s'est passé. Je lui réponds que les chambres sont bien disponibles à partir du 26.
Mai.

V. me file une adresse qu'on lui avait conseillée et où se trouvent encore un tas d'annonces. J'ai envie de chialer. Je rentre.

Vendredi

Je reviens sur le schéma habituel : vendredi c'est ISI. Ce coup-ci, Z. est pas là à l'arrêt de la navette, je le retrouve directement dedans, fait rare. On passe la matinée à retenter d'installer ces putains de clefs privées et publiques. Ça marche pas. On appelle B. à l'aide. Il me change mon écran. On retente les clefs. Ça marche pas.

Z. me dit qu'on va faire sans. Du coup, étape suivante, il me file un tutoriel complexe pour apprendre à me servir d'un programme tout aussi complexe et qui a rien d'intuitif. Du tout.

Midi, une heure, deux heures, trois... Je demande à Z. s'il a mangé, et sinon s'il compte manger un jour. Non, il a pas mangé, mais il s'en va vers 3.20, donc bon il mangera après. D'ailleurs, vu que c'est pas un horaire de la navette, si je veux partir avec lui en ture, bah je suis le bienvenu.

Ça me va.

Z. me dépose au motel. Je fais rien, puis, vers 5 heures, je vais visiter une autre chambre à l'ouest du campus, pas loin du tout de la Viterbi School. Je traverse le campus et ai le loisir de voir que des gens, sûrement à l'occasion de l'Earth Week, ont "planté" des fleurs un peu partout dans l'Alumni Park. Bon, ça fait artificiel, mais je pense pas que le but ait été autre : j'ai devant moi un quadrillage bien régulier dont chaque nœud comporte une unique fleur blanche engoncée dans un machin en plastique lui-même planté dans le sol.

Super.

Sinon, à un moment, j'arrive à la chambre en question. Je me plante pas dans le numéro ce coup-ci. Je frappe, espérant pouvoir parler directement avec A., la fille avec qui j'ai traité. On ouvre. Un Indien efféminé habillé tout en rose apparaît.

'Hi, I'm Simon.'
'Hi, I'm A..'

Ah merde, c'était pas une fille, en fait. Bon, même s'il semble y avoir des velléités. Enfin, après tout j'en sais rien. Il me fait entrer, me montre rapidement la cuisine, la salle de bain, et on s'assoit dans la chambre. Celle-ci est superbe, super clean, bien rangée, propre et salubre, tout bien meublée. On discute de ce que je suis venu faire ici, j'espère qu'il est pas en train de me draguer. Il me confie qu'une fois que qui que ce soit qui prenne la chambre, il veut l'avoir à son retour d'Inde tellement elle est bien. Du coup, sans avoir eu la chance de voir les autres collocs, je me dis qu'ils doivent valoir le coup. Enfin, en tout cas, c'est pas des grosses brutasses casseurs de pédés. Ou alors A. est maso. On va dire que non. J'arrive à prendre congé, et m'étant engagé à récupérer la chambre vers mi-mai. Putain, c'est pas trop tôt, un truc qui marche bien dans ma quête.

Retour motel. En l'absence de la solution Trojan Housing, je me retrouve à devoir me rabattre sur des familles d'accueil. Heureusement, mes parents m'ont mâché le boulot. D'après le dernier mail de ma mère, une femme (Mrs. C.) est prête à m'accueillir le lendemain à midi pour visiter sa maison. Ça tombe bien, étant donné qu'on est vendredi soir et ma réservation au motel se finit dimanche. Matin.

Le soir, j'entends des voitures de police passer, toutes sirènes dehors. Comme souvent. Bon, ce soir, il y a un hélicoptère en plus. Tiens, du coup, je repense au jour où j'en ai vu débouler 5 à la suite, façon poursuite de films avec déboîtements violents sur les voies de gauche. Vaut mieux pas être un piéton qui essaie de traverser quand ça arrive. Parce qu'ils s'en foutent, eux, ils roulent.

Samedi

Je me lève tôt, déjeune tôt, et me met tôt en quête d'un trajet de bus me permettant de rejoindre la maison en question, qui est pas si loin, mais en distances angeliennes. C'est à dire à une heure de bus. Eh oui.

Je me point à l'arrêt pas loin, avec un bouquin pour patienter dans le bus. C'est con, pasque c'est à l'arrêt que je patiente, en fait. Le bus a dix minutes de retard. Vingt. À quarante, je commence à me poser des questions. J'appelle Mrs. C. pour lui dire que je serai en retard. Je devais prendre le bus avant onze heures, on approche midi. Je lui dis que je vais rentrer chez moi pour trouver des itinéraires alternatifs. Ce que je fais, donc.

C'est vers deux heures que je repars tout content avec quatre trajets différents. Bon, le premier, c'est celui que j'ai pris tout à l'heure. Je vais éviter. Le deuxième, c'est le même bus, mais l'arrêt est un peu plus loin. On va voir. Tiens, ça pourrait marcher, je viens de voir passer un bus de la ligne que je dois prendre, mais dans l'autre sens.

Bon bah ça marche pas, hein. Pas grave, troisième itinéraire. L'arrêt est pas loin, la ligne est différente même si le trajet ressemble un peu.

Bon. Bah quand ça veut pas, ça veut pas.

Dernier itinéraire. Il est plus loin, il faut que je marche. Allons bon, j'arrive dans un truc couvert et moche, on dirait la station des Arènes, mais en beaucoup plus sombre et désaffecté. Je vois pas où on peut attendre les bus. Peut-être qu'en montant les escaliers... Oh bordel, c'est une freeway ! Autour de moi des voitures filent à une allure monstrueuse. 6 voies à gauche, 6 voies à droite. Et au milieu, une espèce d'îlot. Un abribus de chaque côté, et une bretelle sur la freeway pour chacun. Les bus prennent la voie tout à gauche, ralentissent un chouia, s'engagent sur la bretelle et passent devant l'arrêt. Et si ceux qui y sont semblent pas se manifester, le bus fonce, normal. Mais j'avais jamais vu un bus rouler aussi vite. J'en laisse passer un ou deux, appréhendant. Puis finalement, je tente. Le bus me lâche un peu plus loin, à l'arrêt que je voulais, en plein Downtown. Et là, ç'a vraiment rien à voir avec ce que je connais de Los Angeles. Des immeuble immenses partout avec des panneaux publicitaires qui les recouvrent entièrement. C'est dément. Mais c'est énorme !

Je prends avec succès mon second bus, qui m'amène là où je veux, plus que quelques arrêts et j'y suis. Ah non, en fait, c'est une ligne courte, c'est le terminus, monsieur. Meeeeeeerde. Forcément, avec le retard que j'ai pris... J'aurais dû vérifier si certains ne desservaient la ligne qu'en partie. fait chier.

Heureusement, le chauffeur est sympa, il m'avance un peu, et m'indique la voie à prendre. C'est pas si loin, j'arrive enfin chez Mrs. C.. Devant sa maison, un panneau marqué "Hope. Obama '08". La propriété est superbe, dedans comme dehors, comme sur les photos. On se croirait dans Desperate Housewives, c'est ouf. C'est une jeune grand-mère, veuve depuis un an, encore très active vu qu'elle forme des profs pour enseigner un programme d'histoire des valeurs américaines via l'art dramatique qu'elle a composé elle-même. Son mari était réalisateur à succès, elle a un peu voyagé en Europe quand celui-ci a dû présenter un de ses films à plein de festivals.

Elle m'apprend qu'elle doit partir jeudi et revenir le 18 mai et que pendant ce temps, deux Françaises sorties d'école de commerce sont censées venir 5 jours à partir de jeudi ou vendredi pour faire du tourisme et être hébergées chez elle. Oulà, ça sent mauvais.

'So, the room will be available on June 5.'

Et meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde. Je lui explique qu'il doit y avoir un malentendu, que j'ai besoin de la chambre maintenant, que je suis à la rue demain. Ah. Elle réfléchit, et me dit qu'elle va voir si ça fait chier les Françaises de partager la maison pendant ces cinq jours.

Elle téléphone à l'une des deux, lui explique la situation, me la passe. On discute. M., la Française, serait absolument d'accord tant que je fous pas le bordel. C'est pas mon but. Et qu'elles peuvent profiter de leurs vacances. En plus, c'est bien, comme ça elles pourront négocier une remise sur le prix de la location, peut-être.

Et voilà. Je peux venir m'installer le lendemain. Énorme ! Tout se passe tellement bien, enfin !

Je rentre en bus, panique quand je vois que le premier semble plus aller où je veux. Mais même quand je panique je suis bon : je suis descendu au mauvais arrêt, soit, mais c'est quand même un arrêt marqué sur un autre de mes itinéraires. Donc je trouve tout de suite le bon bus pour rentrer. À savoir celui que j'ai attendu une quarante minutes le matin même. Oui, mais dans ce sens ça marche.

Tout va comme sur des roulettes, il me faudra juste retirer 400 $ pour compléter les 500 que j'ai déjà et pouvoir payer le premier mois. Avec mes parents sur MSN, on convient que le taxi serait peut-être une bonnne solution avec les valises et tout. Pas faux. Je maile Mrs. C. pour savoir si elle aurait une compagnie de taxi à me conseiller.

Elle répond. Oui, elle a une compagnie à me proposer. Et elle en profite pour dire qu'elle a oublié de parler du security deposit, une sorte de caution, semble-t-il, et qui s'élève à autant que l'autre mois. Et qu'il faut rajouter les 6 jours d'avril.

Oh merde. Maintenant, c'est 1300 $ que je dois retirer le lendemain matin. Non, 1500 $, pasqu'il faut qu'il m'en reste un peu. Et ça veut dire que pour elle, je reste tout mai. Bon, soit, pourquoi pas. Je récupère la chambre près de l'USC vers le 20, alors pourquoi pas. Et ça sera toujours moins cher que le motel. On passe la nuit avec mes parents à s'arranger pour pas que je fasse sauter mes plafonds de retrait. Il est 2.30 am chez moi. Je vais me coucher.

Dimanche

7.00 am, je suis debout. Je vais déjeuner. Je vais à l'USC. Tiens, ils ont tout décoré en rouge et or, couleurs de l'université. Ah, d'accord. C'est l'accueil des élèves qui y ont été admis et qui y rentrent l'an prochain, accompagnés de leurs parents. La classe ! Il y a là tout un tas d'étudiants qui ont réussi à passer à travers le filtre d'une double sélection : sur leurs compétences scolaires d'abord, mais aussi sur leurs compétences financières, bien sûr. N'importe qui peut pas se le payer, malgré les nombreuses bourses qui existent pour tout un tas de trucs.

J'arrive à retirer mon liquide, en utilisant deux cartes différentes, et deux distributeurs différents. Tout en billets de 20 $, pas l'air con, tiens. Pas grave.

Je rentre au motel, plie tout, range tout, fais mes valises. J'appelle un taxi pour 11.30. Mes parents m'appellent pour les dernières recommandations. Il est 11.15, je peux prendre mon temps pour leur parler. Ah bah non, le taxi est là et il m'attend. Très bien, je raccroche, j'y vais sans revérifier une dernière fois la chambre. Je pose mes valises à côté du taxi, je vais rendre la clé. Le chauffeur a chargé mes bagages, je prends place. C'est parti.

Au revoir, Vagabond Inn.

mercredi 22 avril 2009

House in the sun

Dimanche

Rien.

Lundi

Ayé, je sais aller à Marina del Rey comme un grand. En effet, à 11 heures, j'ai eu le loisir d'aller attraper la navette m'y amenant depuis l'USC. Bon, en fait, c'était pas très dur, Z. m'attendait pas loin. En guise de navette, c'est (comme prévu) un minivan bordeaux qui est venu nous récupérer. Trente minutes dont pas mal de freeways plus tard, Marina nous voilà.

Ce coup-ci, j'ai amené mon ordi portable, mon laptop. On tente d'y installer un truc à base de clefs publiques et privées pour que je puisse me connecter de partout où je veux au réseau de l'ISI. Sauf qu'en fait, bah on sait pas faire, et même si on croit avoir trouvé des trucs sur Internet, lu et relu le mail laissé par B. à l'intention de Z., bah ça veut toujours pas.

En plus de ça, l'écran qui m'est pour l'instant alloué pour mon poste fixe à l'ISI est un écran qui devrait être en réparation et qui s'amuse à se déguiser en guirlande de Noël quand j'essaie de bosser. Tant pis, au moins, j'ai un accès libre à toutes les publis que le Dr. V. m'a demandé de lire. Je les imprime toutes. Ah merde, c'était peut être pas une bonne nouvelle, en fait. J'ai de la lecture pour quinze jours.

3.30 pm, je rentre à l'USC. Enfin, j'essaie. Le minivan a apparemment décidé de pas passer, contrairement aux horaires bien fixés. Ah, ya un bus un peu plus loin. Avec écrit USC dessus. Et dont le chauffeur m'appelle. C'est juste qu'une fois n'est pas coutume, ils ont envoyé le bus qui remplace le minivan aux heures de pointe, c'est à dire pas celle-là normalement. Tout va bien, alors.

Je rentre, donc. Et vais me renseigner auprès des services de logement temporaire de l'université. Deux jeunes me reçoivent, me filent un formulaire, deux trois infos que j'avais déjà lues sur le site, et... Non, c'est tout. Pas de garanties, rien. À part une potentielle chance de pouvoir avoir une chambre pour environ un mois à partir du 26. J'en serai pour autant de nuits de motel en plus. Chier.

Après ça, toujours dans ma démarche de tout-faire-pour-pas-dormir-sous-les-ponts, je tente la visite d'une chambre qui a pas l'air mal un peu à l'ouest du campus. Je trouve très facilement, c'est vraiment pas loin. Je suis accueilli par l'agent immobilier, très affable. Puis par les locataires. Merde, des caricatures, ça faisait longtemps. Allons, s'arrêter à la surcharge pondérale, aux tenues de supporters de messieurs ou au maquillage réalisé par un peintre en bâtiments de mademoiselle serait vraiment pas classe, et tristement digne d'un européen méprisant en visite dans le Nouveau Monde. Non, c'est vrai, ils ont quand même l'air sympa. Et ils jouent au beer-pong. Bon, soyons objectifs, et attachons-nous juste à la propreté et la salubrité des lieux.

Ah oui, mais non, je peux pas marcher, là. Bon, ça serait une chambre, je dis pas, mais là c'est la cuisine. S'arrêter aux calcifs sur la table du petit déj' (encore là à 6 heures de l'aprèm), je sais pas si ça tient encore du préjugé, mais...

Ah, ils font tous partie de la fanfare des Trojans. Soit, très bien. Ça me dérange pas. Je dormirai au labo, au pire. Mais ils partent tous en même temps. Intéressant, ça. Quand ? En août.

Zob.

Mais c'est pas fini, si je veux, je peux emménager tout de suite dans une autre chambre qu'il m'a pas encore montrée. En effet, l'appentis dressé dans le jardin se révèle être une chambre. Ou en tout cas pouvoir l'être, une fois le bureau monté, le lit remis horizontalement et les bouts de ciment évacués. 800 $ ? D'accord, très bien, je rappellerai. Au revoir. Ou plutôt adieu.

Mardi

8.30 am. Il est tôt. Trop tôt. Mais c'est l'heure du big board avec tous les gens du groupe (bon, sauf Z.). Pour la peine, on fait la réunion dans un autre bâtiment. Dr. V. est en grande discussion avec des collaborateurs et des grad students du labo que j'ai déjà toutes et tous croisés au moins une fois. Ah non, pas toutes, tiens. J'apprends en m'approchant du petit rassemblement que Dr. V. a des origines françaises et qu'il sait un peu parler la langue de Molière, mais qu'il osera pas le faire devant moi.

'Oh, you know, if I can speak Enneglish, you can speak French.'

Celle qui vient de prendre la parole est l'étudiante que je ne connais pas encore. Elle s'appelle V. , a 25 ans, est italienne, et fait sa thèse de biologie en Suède. Mine de rien, ça fait plaisir de savoir que je suis plus le seul Européen du groupe.

Tout le monde entre dans la salle de réunion et le big boss, Dr. G., prend la parole. À l'intention de V. et de moi-même, il entame un tour de présentation de tous les membres. Je commence à me souvenir de pas mal de noms. D'une manière assez amusante, la plupart des Asiatiques présents ont adopté des prénoms américanisés. Je me rendrai compte plus tard que c'est vraiment très courant dans ce genre de situations, et que les labos made in USA fourmillent de John, Sharon, Cindy, Paul, Alex, et autres Martin. J'en profite donc pour faire la connaissance de S., la thésarde qui me prendra en charge pour la partie expérimentale biologique.

La réunion est courte, personne n'a de PowerPoint à présenter, et la boîte de donuts est déjà vide. On se sépare donc. Dr. V. nous accompagne dans le labo. Ah, ils ont filé à V. le poste qu'ils devaient me donner. Mouais, pas grave, pour ce que j'avais à faire sur un ordi. Dr. V. passe me voir et me dit qu'il trouverait intéressant que je feuillette la thèse de V.. Ce que je fais. Et de bon cœur. La thèse se lit très facilement et sa thématique (l'observation de grains d'orge durant le maltage grâce à l'ajout de teinture fluorescente) prend la suite des travaux du directeur de recherche de V., à savoir l'optimisation de la production de bière, qui est semble-t-il une question cruciale dans les pays scandinaves vu la consommation qui y en est faite. Par contre, ya un truc que je comprends pas trop. Si V. a rédigé sa thèse, pourquoi a-t-elle choisi de faire un stage de trois mois pour quelque chose qu'elle ne pourra rajouter dans son manuscrit ? Elle me donne la réponse : c'est juste parce qu'il restait du fric à son labo. Du coup, ça fait pas vraiment partie de sa thèse, mais bon, c'est fun quand même. Et puis peut-être qu'au moins ça marchera, au contraire des expériences de sa thèse.

Après un repas rapide en compagnie de V. et de Dr. J. qui m'explique qu'elle va passer quinze jours à Orsay à Paris XI, je passe à l'Office of International Services où on me programme un rendez-vous pour le lendemain à 3.30 pm. Ce dernier est nécessaire pour assurer la pérennité de mon visa. Et que je ne devienne pas du jour au lendemain un immigré clandestin, du coup. Je reviens, tente de continuer à lire les publis recommandées par Dr. V., mais l'une d'elles passe mal. Hop, je décide que c'est l'heure de rentrer, et de tenter une nouvelle adresse pour une colloc'.

Je me rends avec un USC tram (qui n'a de tram que le nom, c'est juste un bus, en fait) à l'adresse de la potentielle sous-location. Sur un petit papier, j'ai noté le numéro : 1628. Pas de problème, je m'engage dans la rue en question. On est dans les 1100. Ah. Merde. Bon, le type m'a dit que c'était à quelques blocs de là. C'est parti pour la marche.

Plus les numéros avancent, plus j'ai des doutes sur la définition de "quelques", et par la même de la notion de walking distance dans l'esprit du proprio. 1500, je dois plus être loin. Prochain bloc. Ah bah non, ya pas de prochain bloc, la rue s'arrête. J'appelle. 1268. Pas 1628. Putain, demi-tour. Bon, c'est rien, juste vingt minutes de retard. C'est pas ma faute si les rues de Los Angeles mesurent toutes dix fois la longueur de celle de Rivoli.

Les Indiens qui occupent l'appart' m'accueillent. Je suis chanceux, pensé-je. Pour une fois que Indiens postent une annonce où ils ne recherchent pas forcément un colloc' végétarien et ayant fait vœu de sobriété. Maintenant, je sais pourquoi. C'est pas du tout le genre. La cuisine est dégueu, j'arrive pas à distinguer les plaques de cuisson ou même l'évier en dessous de toutes les assiettes sales, et de ce qui semble être du... Euh... Du vieux fromage fondu, peut-être. Les chambres sont pires, si c'est possible : quatre murs, deux matelas marrons à même le sol, et de la crasse tout autour. Cool. Je rappellerai.

Je rentre, Z. m'a envoyé un mail. Il veut savoir comment se sont passées mes visites :

'Also, did the housing tours go alright? Any leads?'

Et moi de répondre :

'The two rooms I visited are very very crappy. I'm afraid that if there is any lead there, it's only in the paint.'

Yes! My first bad pun!

Mercredi

Rien de très nouveau. À part que Dr. V. m'a confié un petit boulot à faire. Une petite présentation de trois slides maximum devant expliquer synthétiquement le fonctionnement d'un microscope à épifluorescence. Et par la même occasion de découvrir ce que c'est et comment ça marche. Qu'à cela ne tienne, je consulte les sites qu'il me conseille pour l'occasion. Et merde, encore tout un tas de trucs à lire. Je passe la matinée sur MSN à parler avec mes parents de mes problèmes de logement. Faut vraiment que je règle ça, je suis en train de prendre un retard grandissant sur le peu de boulot que j'ai à faire (essentiellement de la lecture pour l'instant, mais particulièrement chronophage).

Quant à l'aprèm, c'est à l'OIS que je la passe. Mon rendez-vous se passe plutôt bien, et mon interlocuteur, en fait le coordinateur de tous les programmes d'échange de ce type pour l'USC, est vraiment sympathique et compétent, bien que la suprise ait été de taille la première fois que je l'ai vu. Assis, rien à part ses mains ne trahissent la probable malformation génétique dont il est la malheureuse victime, et c'est d'autant plus vrai qu'il arrive tout de même à s'en servir pour taper à l'ordinateur. C'est lorsque je l'ai vu debout que j'ai été fasciné : plutôt que devoir se traîner dans un fauteuil roulant avec des jambes hors service, il a semble-t-il fait le choix de l'amputation et arbore deux prothèses terminées par des plateaux lui servant de pieds et lui permettant de se passer de béquilles. La suite de la discussion m'apprendra qu'il connaît quelques villes françaises du sud-ouest pour la bonne raison qu'il passe une bonne partie de son temps libre à faire du surf. Du surf !

J'ai toujours pas de maison à Los Angeles, mais ya des jours comme ça où je suis content de faire des sciences, bordel.