dimanche 26 avril 2009

House of Pain

Jeudi

Une surprise comme je les aime. Début d'aprèm, après une matinée à l'USC et un déjeuner avec V. passé à s'extasier devant les écureuils qui se foutent sur la gueule, petit tour chez mes amis du nord du campus, un des centres de logement temporaire Trojan Housing de l'USC, dans un coin appelé Cardinal Gardens.

Coucou les gens, j'ai mon formulaire rempli, je veux une chambre du 26 avril au 15 mai. Tiens, salut H.. Ah oui, je précise : H., c'est un des Indiens chez qui j'irai pas pasque c'est crade. Oui oui, je me souviens de toi. Non, je la prendrai pas ta chambre. Bon, bien sûr je dis rien, je fais celui qui pige pas.

'Err, wait a moment, buddy. I don't think the rooms are available before May.'

Euh, non, pas possible, ça. Sur le site y avait marqué 26 avril. Si, si, je me souviens. Ah, il part vérifier, mais je suis pas confiant. Du tout.

Un peu plus tard, je rentre au labo. V. me demande comment ça s'est passé. Je lui réponds que les chambres sont bien disponibles à partir du 26.
Mai.

V. me file une adresse qu'on lui avait conseillée et où se trouvent encore un tas d'annonces. J'ai envie de chialer. Je rentre.

Vendredi

Je reviens sur le schéma habituel : vendredi c'est ISI. Ce coup-ci, Z. est pas là à l'arrêt de la navette, je le retrouve directement dedans, fait rare. On passe la matinée à retenter d'installer ces putains de clefs privées et publiques. Ça marche pas. On appelle B. à l'aide. Il me change mon écran. On retente les clefs. Ça marche pas.

Z. me dit qu'on va faire sans. Du coup, étape suivante, il me file un tutoriel complexe pour apprendre à me servir d'un programme tout aussi complexe et qui a rien d'intuitif. Du tout.

Midi, une heure, deux heures, trois... Je demande à Z. s'il a mangé, et sinon s'il compte manger un jour. Non, il a pas mangé, mais il s'en va vers 3.20, donc bon il mangera après. D'ailleurs, vu que c'est pas un horaire de la navette, si je veux partir avec lui en ture, bah je suis le bienvenu.

Ça me va.

Z. me dépose au motel. Je fais rien, puis, vers 5 heures, je vais visiter une autre chambre à l'ouest du campus, pas loin du tout de la Viterbi School. Je traverse le campus et ai le loisir de voir que des gens, sûrement à l'occasion de l'Earth Week, ont "planté" des fleurs un peu partout dans l'Alumni Park. Bon, ça fait artificiel, mais je pense pas que le but ait été autre : j'ai devant moi un quadrillage bien régulier dont chaque nœud comporte une unique fleur blanche engoncée dans un machin en plastique lui-même planté dans le sol.

Super.

Sinon, à un moment, j'arrive à la chambre en question. Je me plante pas dans le numéro ce coup-ci. Je frappe, espérant pouvoir parler directement avec A., la fille avec qui j'ai traité. On ouvre. Un Indien efféminé habillé tout en rose apparaît.

'Hi, I'm Simon.'
'Hi, I'm A..'

Ah merde, c'était pas une fille, en fait. Bon, même s'il semble y avoir des velléités. Enfin, après tout j'en sais rien. Il me fait entrer, me montre rapidement la cuisine, la salle de bain, et on s'assoit dans la chambre. Celle-ci est superbe, super clean, bien rangée, propre et salubre, tout bien meublée. On discute de ce que je suis venu faire ici, j'espère qu'il est pas en train de me draguer. Il me confie qu'une fois que qui que ce soit qui prenne la chambre, il veut l'avoir à son retour d'Inde tellement elle est bien. Du coup, sans avoir eu la chance de voir les autres collocs, je me dis qu'ils doivent valoir le coup. Enfin, en tout cas, c'est pas des grosses brutasses casseurs de pédés. Ou alors A. est maso. On va dire que non. J'arrive à prendre congé, et m'étant engagé à récupérer la chambre vers mi-mai. Putain, c'est pas trop tôt, un truc qui marche bien dans ma quête.

Retour motel. En l'absence de la solution Trojan Housing, je me retrouve à devoir me rabattre sur des familles d'accueil. Heureusement, mes parents m'ont mâché le boulot. D'après le dernier mail de ma mère, une femme (Mrs. C.) est prête à m'accueillir le lendemain à midi pour visiter sa maison. Ça tombe bien, étant donné qu'on est vendredi soir et ma réservation au motel se finit dimanche. Matin.

Le soir, j'entends des voitures de police passer, toutes sirènes dehors. Comme souvent. Bon, ce soir, il y a un hélicoptère en plus. Tiens, du coup, je repense au jour où j'en ai vu débouler 5 à la suite, façon poursuite de films avec déboîtements violents sur les voies de gauche. Vaut mieux pas être un piéton qui essaie de traverser quand ça arrive. Parce qu'ils s'en foutent, eux, ils roulent.

Samedi

Je me lève tôt, déjeune tôt, et me met tôt en quête d'un trajet de bus me permettant de rejoindre la maison en question, qui est pas si loin, mais en distances angeliennes. C'est à dire à une heure de bus. Eh oui.

Je me point à l'arrêt pas loin, avec un bouquin pour patienter dans le bus. C'est con, pasque c'est à l'arrêt que je patiente, en fait. Le bus a dix minutes de retard. Vingt. À quarante, je commence à me poser des questions. J'appelle Mrs. C. pour lui dire que je serai en retard. Je devais prendre le bus avant onze heures, on approche midi. Je lui dis que je vais rentrer chez moi pour trouver des itinéraires alternatifs. Ce que je fais, donc.

C'est vers deux heures que je repars tout content avec quatre trajets différents. Bon, le premier, c'est celui que j'ai pris tout à l'heure. Je vais éviter. Le deuxième, c'est le même bus, mais l'arrêt est un peu plus loin. On va voir. Tiens, ça pourrait marcher, je viens de voir passer un bus de la ligne que je dois prendre, mais dans l'autre sens.

Bon bah ça marche pas, hein. Pas grave, troisième itinéraire. L'arrêt est pas loin, la ligne est différente même si le trajet ressemble un peu.

Bon. Bah quand ça veut pas, ça veut pas.

Dernier itinéraire. Il est plus loin, il faut que je marche. Allons bon, j'arrive dans un truc couvert et moche, on dirait la station des Arènes, mais en beaucoup plus sombre et désaffecté. Je vois pas où on peut attendre les bus. Peut-être qu'en montant les escaliers... Oh bordel, c'est une freeway ! Autour de moi des voitures filent à une allure monstrueuse. 6 voies à gauche, 6 voies à droite. Et au milieu, une espèce d'îlot. Un abribus de chaque côté, et une bretelle sur la freeway pour chacun. Les bus prennent la voie tout à gauche, ralentissent un chouia, s'engagent sur la bretelle et passent devant l'arrêt. Et si ceux qui y sont semblent pas se manifester, le bus fonce, normal. Mais j'avais jamais vu un bus rouler aussi vite. J'en laisse passer un ou deux, appréhendant. Puis finalement, je tente. Le bus me lâche un peu plus loin, à l'arrêt que je voulais, en plein Downtown. Et là, ç'a vraiment rien à voir avec ce que je connais de Los Angeles. Des immeuble immenses partout avec des panneaux publicitaires qui les recouvrent entièrement. C'est dément. Mais c'est énorme !

Je prends avec succès mon second bus, qui m'amène là où je veux, plus que quelques arrêts et j'y suis. Ah non, en fait, c'est une ligne courte, c'est le terminus, monsieur. Meeeeeeerde. Forcément, avec le retard que j'ai pris... J'aurais dû vérifier si certains ne desservaient la ligne qu'en partie. fait chier.

Heureusement, le chauffeur est sympa, il m'avance un peu, et m'indique la voie à prendre. C'est pas si loin, j'arrive enfin chez Mrs. C.. Devant sa maison, un panneau marqué "Hope. Obama '08". La propriété est superbe, dedans comme dehors, comme sur les photos. On se croirait dans Desperate Housewives, c'est ouf. C'est une jeune grand-mère, veuve depuis un an, encore très active vu qu'elle forme des profs pour enseigner un programme d'histoire des valeurs américaines via l'art dramatique qu'elle a composé elle-même. Son mari était réalisateur à succès, elle a un peu voyagé en Europe quand celui-ci a dû présenter un de ses films à plein de festivals.

Elle m'apprend qu'elle doit partir jeudi et revenir le 18 mai et que pendant ce temps, deux Françaises sorties d'école de commerce sont censées venir 5 jours à partir de jeudi ou vendredi pour faire du tourisme et être hébergées chez elle. Oulà, ça sent mauvais.

'So, the room will be available on June 5.'

Et meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde. Je lui explique qu'il doit y avoir un malentendu, que j'ai besoin de la chambre maintenant, que je suis à la rue demain. Ah. Elle réfléchit, et me dit qu'elle va voir si ça fait chier les Françaises de partager la maison pendant ces cinq jours.

Elle téléphone à l'une des deux, lui explique la situation, me la passe. On discute. M., la Française, serait absolument d'accord tant que je fous pas le bordel. C'est pas mon but. Et qu'elles peuvent profiter de leurs vacances. En plus, c'est bien, comme ça elles pourront négocier une remise sur le prix de la location, peut-être.

Et voilà. Je peux venir m'installer le lendemain. Énorme ! Tout se passe tellement bien, enfin !

Je rentre en bus, panique quand je vois que le premier semble plus aller où je veux. Mais même quand je panique je suis bon : je suis descendu au mauvais arrêt, soit, mais c'est quand même un arrêt marqué sur un autre de mes itinéraires. Donc je trouve tout de suite le bon bus pour rentrer. À savoir celui que j'ai attendu une quarante minutes le matin même. Oui, mais dans ce sens ça marche.

Tout va comme sur des roulettes, il me faudra juste retirer 400 $ pour compléter les 500 que j'ai déjà et pouvoir payer le premier mois. Avec mes parents sur MSN, on convient que le taxi serait peut-être une bonnne solution avec les valises et tout. Pas faux. Je maile Mrs. C. pour savoir si elle aurait une compagnie de taxi à me conseiller.

Elle répond. Oui, elle a une compagnie à me proposer. Et elle en profite pour dire qu'elle a oublié de parler du security deposit, une sorte de caution, semble-t-il, et qui s'élève à autant que l'autre mois. Et qu'il faut rajouter les 6 jours d'avril.

Oh merde. Maintenant, c'est 1300 $ que je dois retirer le lendemain matin. Non, 1500 $, pasqu'il faut qu'il m'en reste un peu. Et ça veut dire que pour elle, je reste tout mai. Bon, soit, pourquoi pas. Je récupère la chambre près de l'USC vers le 20, alors pourquoi pas. Et ça sera toujours moins cher que le motel. On passe la nuit avec mes parents à s'arranger pour pas que je fasse sauter mes plafonds de retrait. Il est 2.30 am chez moi. Je vais me coucher.

Dimanche

7.00 am, je suis debout. Je vais déjeuner. Je vais à l'USC. Tiens, ils ont tout décoré en rouge et or, couleurs de l'université. Ah, d'accord. C'est l'accueil des élèves qui y ont été admis et qui y rentrent l'an prochain, accompagnés de leurs parents. La classe ! Il y a là tout un tas d'étudiants qui ont réussi à passer à travers le filtre d'une double sélection : sur leurs compétences scolaires d'abord, mais aussi sur leurs compétences financières, bien sûr. N'importe qui peut pas se le payer, malgré les nombreuses bourses qui existent pour tout un tas de trucs.

J'arrive à retirer mon liquide, en utilisant deux cartes différentes, et deux distributeurs différents. Tout en billets de 20 $, pas l'air con, tiens. Pas grave.

Je rentre au motel, plie tout, range tout, fais mes valises. J'appelle un taxi pour 11.30. Mes parents m'appellent pour les dernières recommandations. Il est 11.15, je peux prendre mon temps pour leur parler. Ah bah non, le taxi est là et il m'attend. Très bien, je raccroche, j'y vais sans revérifier une dernière fois la chambre. Je pose mes valises à côté du taxi, je vais rendre la clé. Le chauffeur a chargé mes bagages, je prends place. C'est parti.

Au revoir, Vagabond Inn.

mercredi 22 avril 2009

House in the sun

Dimanche

Rien.

Lundi

Ayé, je sais aller à Marina del Rey comme un grand. En effet, à 11 heures, j'ai eu le loisir d'aller attraper la navette m'y amenant depuis l'USC. Bon, en fait, c'était pas très dur, Z. m'attendait pas loin. En guise de navette, c'est (comme prévu) un minivan bordeaux qui est venu nous récupérer. Trente minutes dont pas mal de freeways plus tard, Marina nous voilà.

Ce coup-ci, j'ai amené mon ordi portable, mon laptop. On tente d'y installer un truc à base de clefs publiques et privées pour que je puisse me connecter de partout où je veux au réseau de l'ISI. Sauf qu'en fait, bah on sait pas faire, et même si on croit avoir trouvé des trucs sur Internet, lu et relu le mail laissé par B. à l'intention de Z., bah ça veut toujours pas.

En plus de ça, l'écran qui m'est pour l'instant alloué pour mon poste fixe à l'ISI est un écran qui devrait être en réparation et qui s'amuse à se déguiser en guirlande de Noël quand j'essaie de bosser. Tant pis, au moins, j'ai un accès libre à toutes les publis que le Dr. V. m'a demandé de lire. Je les imprime toutes. Ah merde, c'était peut être pas une bonne nouvelle, en fait. J'ai de la lecture pour quinze jours.

3.30 pm, je rentre à l'USC. Enfin, j'essaie. Le minivan a apparemment décidé de pas passer, contrairement aux horaires bien fixés. Ah, ya un bus un peu plus loin. Avec écrit USC dessus. Et dont le chauffeur m'appelle. C'est juste qu'une fois n'est pas coutume, ils ont envoyé le bus qui remplace le minivan aux heures de pointe, c'est à dire pas celle-là normalement. Tout va bien, alors.

Je rentre, donc. Et vais me renseigner auprès des services de logement temporaire de l'université. Deux jeunes me reçoivent, me filent un formulaire, deux trois infos que j'avais déjà lues sur le site, et... Non, c'est tout. Pas de garanties, rien. À part une potentielle chance de pouvoir avoir une chambre pour environ un mois à partir du 26. J'en serai pour autant de nuits de motel en plus. Chier.

Après ça, toujours dans ma démarche de tout-faire-pour-pas-dormir-sous-les-ponts, je tente la visite d'une chambre qui a pas l'air mal un peu à l'ouest du campus. Je trouve très facilement, c'est vraiment pas loin. Je suis accueilli par l'agent immobilier, très affable. Puis par les locataires. Merde, des caricatures, ça faisait longtemps. Allons, s'arrêter à la surcharge pondérale, aux tenues de supporters de messieurs ou au maquillage réalisé par un peintre en bâtiments de mademoiselle serait vraiment pas classe, et tristement digne d'un européen méprisant en visite dans le Nouveau Monde. Non, c'est vrai, ils ont quand même l'air sympa. Et ils jouent au beer-pong. Bon, soyons objectifs, et attachons-nous juste à la propreté et la salubrité des lieux.

Ah oui, mais non, je peux pas marcher, là. Bon, ça serait une chambre, je dis pas, mais là c'est la cuisine. S'arrêter aux calcifs sur la table du petit déj' (encore là à 6 heures de l'aprèm), je sais pas si ça tient encore du préjugé, mais...

Ah, ils font tous partie de la fanfare des Trojans. Soit, très bien. Ça me dérange pas. Je dormirai au labo, au pire. Mais ils partent tous en même temps. Intéressant, ça. Quand ? En août.

Zob.

Mais c'est pas fini, si je veux, je peux emménager tout de suite dans une autre chambre qu'il m'a pas encore montrée. En effet, l'appentis dressé dans le jardin se révèle être une chambre. Ou en tout cas pouvoir l'être, une fois le bureau monté, le lit remis horizontalement et les bouts de ciment évacués. 800 $ ? D'accord, très bien, je rappellerai. Au revoir. Ou plutôt adieu.

Mardi

8.30 am. Il est tôt. Trop tôt. Mais c'est l'heure du big board avec tous les gens du groupe (bon, sauf Z.). Pour la peine, on fait la réunion dans un autre bâtiment. Dr. V. est en grande discussion avec des collaborateurs et des grad students du labo que j'ai déjà toutes et tous croisés au moins une fois. Ah non, pas toutes, tiens. J'apprends en m'approchant du petit rassemblement que Dr. V. a des origines françaises et qu'il sait un peu parler la langue de Molière, mais qu'il osera pas le faire devant moi.

'Oh, you know, if I can speak Enneglish, you can speak French.'

Celle qui vient de prendre la parole est l'étudiante que je ne connais pas encore. Elle s'appelle V. , a 25 ans, est italienne, et fait sa thèse de biologie en Suède. Mine de rien, ça fait plaisir de savoir que je suis plus le seul Européen du groupe.

Tout le monde entre dans la salle de réunion et le big boss, Dr. G., prend la parole. À l'intention de V. et de moi-même, il entame un tour de présentation de tous les membres. Je commence à me souvenir de pas mal de noms. D'une manière assez amusante, la plupart des Asiatiques présents ont adopté des prénoms américanisés. Je me rendrai compte plus tard que c'est vraiment très courant dans ce genre de situations, et que les labos made in USA fourmillent de John, Sharon, Cindy, Paul, Alex, et autres Martin. J'en profite donc pour faire la connaissance de S., la thésarde qui me prendra en charge pour la partie expérimentale biologique.

La réunion est courte, personne n'a de PowerPoint à présenter, et la boîte de donuts est déjà vide. On se sépare donc. Dr. V. nous accompagne dans le labo. Ah, ils ont filé à V. le poste qu'ils devaient me donner. Mouais, pas grave, pour ce que j'avais à faire sur un ordi. Dr. V. passe me voir et me dit qu'il trouverait intéressant que je feuillette la thèse de V.. Ce que je fais. Et de bon cœur. La thèse se lit très facilement et sa thématique (l'observation de grains d'orge durant le maltage grâce à l'ajout de teinture fluorescente) prend la suite des travaux du directeur de recherche de V., à savoir l'optimisation de la production de bière, qui est semble-t-il une question cruciale dans les pays scandinaves vu la consommation qui y en est faite. Par contre, ya un truc que je comprends pas trop. Si V. a rédigé sa thèse, pourquoi a-t-elle choisi de faire un stage de trois mois pour quelque chose qu'elle ne pourra rajouter dans son manuscrit ? Elle me donne la réponse : c'est juste parce qu'il restait du fric à son labo. Du coup, ça fait pas vraiment partie de sa thèse, mais bon, c'est fun quand même. Et puis peut-être qu'au moins ça marchera, au contraire des expériences de sa thèse.

Après un repas rapide en compagnie de V. et de Dr. J. qui m'explique qu'elle va passer quinze jours à Orsay à Paris XI, je passe à l'Office of International Services où on me programme un rendez-vous pour le lendemain à 3.30 pm. Ce dernier est nécessaire pour assurer la pérennité de mon visa. Et que je ne devienne pas du jour au lendemain un immigré clandestin, du coup. Je reviens, tente de continuer à lire les publis recommandées par Dr. V., mais l'une d'elles passe mal. Hop, je décide que c'est l'heure de rentrer, et de tenter une nouvelle adresse pour une colloc'.

Je me rends avec un USC tram (qui n'a de tram que le nom, c'est juste un bus, en fait) à l'adresse de la potentielle sous-location. Sur un petit papier, j'ai noté le numéro : 1628. Pas de problème, je m'engage dans la rue en question. On est dans les 1100. Ah. Merde. Bon, le type m'a dit que c'était à quelques blocs de là. C'est parti pour la marche.

Plus les numéros avancent, plus j'ai des doutes sur la définition de "quelques", et par la même de la notion de walking distance dans l'esprit du proprio. 1500, je dois plus être loin. Prochain bloc. Ah bah non, ya pas de prochain bloc, la rue s'arrête. J'appelle. 1268. Pas 1628. Putain, demi-tour. Bon, c'est rien, juste vingt minutes de retard. C'est pas ma faute si les rues de Los Angeles mesurent toutes dix fois la longueur de celle de Rivoli.

Les Indiens qui occupent l'appart' m'accueillent. Je suis chanceux, pensé-je. Pour une fois que Indiens postent une annonce où ils ne recherchent pas forcément un colloc' végétarien et ayant fait vœu de sobriété. Maintenant, je sais pourquoi. C'est pas du tout le genre. La cuisine est dégueu, j'arrive pas à distinguer les plaques de cuisson ou même l'évier en dessous de toutes les assiettes sales, et de ce qui semble être du... Euh... Du vieux fromage fondu, peut-être. Les chambres sont pires, si c'est possible : quatre murs, deux matelas marrons à même le sol, et de la crasse tout autour. Cool. Je rappellerai.

Je rentre, Z. m'a envoyé un mail. Il veut savoir comment se sont passées mes visites :

'Also, did the housing tours go alright? Any leads?'

Et moi de répondre :

'The two rooms I visited are very very crappy. I'm afraid that if there is any lead there, it's only in the paint.'

Yes! My first bad pun!

Mercredi

Rien de très nouveau. À part que Dr. V. m'a confié un petit boulot à faire. Une petite présentation de trois slides maximum devant expliquer synthétiquement le fonctionnement d'un microscope à épifluorescence. Et par la même occasion de découvrir ce que c'est et comment ça marche. Qu'à cela ne tienne, je consulte les sites qu'il me conseille pour l'occasion. Et merde, encore tout un tas de trucs à lire. Je passe la matinée sur MSN à parler avec mes parents de mes problèmes de logement. Faut vraiment que je règle ça, je suis en train de prendre un retard grandissant sur le peu de boulot que j'ai à faire (essentiellement de la lecture pour l'instant, mais particulièrement chronophage).

Quant à l'aprèm, c'est à l'OIS que je la passe. Mon rendez-vous se passe plutôt bien, et mon interlocuteur, en fait le coordinateur de tous les programmes d'échange de ce type pour l'USC, est vraiment sympathique et compétent, bien que la suprise ait été de taille la première fois que je l'ai vu. Assis, rien à part ses mains ne trahissent la probable malformation génétique dont il est la malheureuse victime, et c'est d'autant plus vrai qu'il arrive tout de même à s'en servir pour taper à l'ordinateur. C'est lorsque je l'ai vu debout que j'ai été fasciné : plutôt que devoir se traîner dans un fauteuil roulant avec des jambes hors service, il a semble-t-il fait le choix de l'amputation et arbore deux prothèses terminées par des plateaux lui servant de pieds et lui permettant de se passer de béquilles. La suite de la discussion m'apprendra qu'il connaît quelques villes françaises du sud-ouest pour la bonne raison qu'il passe une bonne partie de son temps libre à faire du surf. Du surf !

J'ai toujours pas de maison à Los Angeles, mais ya des jours comme ça où je suis content de faire des sciences, bordel.

samedi 18 avril 2009

Green Day(s)

Jeudi

Résumé des épisodes précédents : Dr. V. a demandé à me rencontrer vendredi pour parler de ce que j'allais faire durant le stage. Cependant, Z. m'a dit que je pouvais essayer de passer au labo la veille, between 8 and noon, car habituellement Dr. V. s'y trouve le jeudi.

C'est donc sans me presser, et en prenant mon temps pour visiter à gauche à droite le campus que je me suis levé jeudi matin. Pas de stress, je tente d'avoir droit à mon petit déj' au café qui se trouve juste à côté du motel. Ah, le buffet gratuit se finit à 9 heures 30. Il est moins vingt, merde. Bon, pas grave, je commande mon premier breakfast in America, avec tout de même un rabais de 3 $ vu que je suis client du motel. Sur une dizaine, ça compte.

11.00 am, j'ai traversé tout le campus pour revenir à la Viterbi School, l'ensemble de bâtiments dans lequel se trouve mon labo. Dans les arbres devant la porte se bastonnent deux écureuils, sûrement un signe. Dans l'entrée du centre, je remarque un truc marrant, que j'avais jamais vu auparavant : une machine en tout point semblable à un distributeur de boissons, mais délivrant au lieu de sodas des stylos, des carnets, des livrets d'évaluation, des piles, des CD vierges, et caetera. Un petit tour dans la salle en question, personne à part un autre des étudiants du groupe, qui m'informe que le Dr. V. ne s'est pas montré aujourd'hui. Soit.

Pas de problème, je redescends, et vais m'asseoir dans l'herbe dans l'Alumni Park, à lire des publis envoyées par Dr. V. dans l'attente du début d'un concert prévu à midi, comme tous les jours cette semaine.

Sur la scène pas minable et couverte, quatre undergrads déboulent et entament un court discours de présentation. Le groupe s'appelle Nebula Explosion. Et merde. Des geeks physico-musiciens. Du jazz astrophysique. Suivent tout un tas de chansons plutôt sympas, dont je retiendrai surtout la plus bordélique.

'I'm a robot from the future and I'm programmed for dancing. I'm a robot from the future and I'm programmed for dancing. I'm a robot from the future and I'm programmed for dancing.'

La chanson commence plutôt calmement, pendant que les paroles sont scandées façon cyborg, et que le chanteur fait des mouvements de gymnastique robotique mal huilés. Puis celui-ci gueule toute une série de 'Malfunction! Malfunction!' et c'est là que le bordel arrive. Les zicos jouent n'importe comment, bougent dans tous les sens, ça ressemble plus à rien, ni visuellement, ni musicalement. Mais c'est marrant. Dans le public, les étudiants comme les profs se gaussent. Le concert se finit, et le chanteur présente ses comparses, énumérant chaque instrument.

'À la basse...'

Dammit! Du français. Avec un putain d'accent américain, soit, mais du français.

'À le piano...'

Comme quoi, malgré Bush fils et la guerre en Irak, la langue française peut encore être en odeur de sainteté, voire même synonyme de classe aux États-Unis...

'See you tomorrow. Bon après-midi.'

Sur le retour, j'ai l'occasion de croiser un autre truc marrant : une "poubelle" à livres. Un concept intéressant qui permet aux étudiants de l'USC de rendre leurs bouquins (mais pas les CD ou DVD, c'est bien précisé) juste en les déposant dans ces espèces de boîtes qui parsèment le campus, plutôt que de devoir s'emmerder à retourner à la bibliothèque.

Après être sorti du campus, je passe à l'university village, une sorte d'agglomérat de bouis-bouis vendant respectivement de la bouffe thaï, chinoise, libanaise, japonaise, mexicaine... J'y commande un iced blended watermelon juice, c'est à dire un jus de pastèque mixé avec des glaçons. C'est bon.

Au retour, une surprise plutôt mauvaise. Le Wi-Fi marche plus au motel. À la réception, on m'apprend que le motel n'a jamais eu de connexion sans fil. Du coup, je bite plus rien à rien. Le mec a l'air de bonne foi. Il me dit que le café a un accès sans fil à Internet, que ce doit être celui-là que j'ai capté. Je rentre chez moi, déçu, mais toujours convaincu d'avoir raison. Lors de mon arrivée, le réseau du café était présent, mais j'étais bien connecté à celui du motel, nommé, comme le motel, Vagabond. Mais bon, qu'à cela ne tienne, je vais dîner au café, histoire de récupérer les identifiants pour utiliser leur réseau.

Mouais... Ça marche que quand ça veut, au gré des vents et des mecs qui passent entre le café et ma chambre. Non, ça marche pas, en vrai. Ou alors trente secondes toutes les deux heures. C'est suffisant pour recevoir le message de Z. disant qu'il passe me chercher en voiture le lendemain pour aller voir Dr. V., mais c'est tout. C'est pas comme ça que je vais trouver un endroit où vivre, moi. 'Chier.

Vendredi

Un petit déj' rapide mais conséquent au café où ce coup-ci je n'ai pas raté le buffet gratuit, le Continental Breakfast (open café, lait, céréales, gaufres, pancakes, jus de pomme et d'orange). Puis Z. arrive dans sa grosse voiture. Direction Marina del Rey, sur la côte, où se trouvent les locaux de l'ISI (Information Sciences Institute). À quelques centaines de feet de l'océan Pacifique se dressent trois grands buildings dont deux tours jumelles d'une dizaine d'étages. Au septième de l'une d'entre elles, le bureau de Z., et deux portes plus loin celui du Dr. V.. Mais avant ça, un petit café. La serveuse connaît tout le monde, hi-five Z., puis check du coude, puis 'Whaddya want?'. Z. me présente et commande un iced coffee. Me demandant ce que je veux, il me voit hésiter, avant de demander la même chose. C'est énorme.

Ensuite, direction le bureau de Z., où je pose mes affaires. Z. me montre un ordi, et me dit que ce sera le mien à l'ISI. Ce qui porte le compte d'ordis mis à ma disposition à deux. Plus le mien. On va ensuite deux portes plus loin, donc, pour enfin rencontrer Dr. V..

Autant Z. parle vite, autant Dr. V. est plutôt lent au niveau de la jactance. Mais ça me permet de bien le comprendre. Z. prend la parole pour me présenter, puis est suivi par Dr. V. :

'Simon, does Z. not speak too fast for you? ...He speaks too fast for me, anyway.'

S'ensuit une discussion sur ce que j'attends du stage. Oui, ce que j'en attends, pas ce que lui en attend. J'aime bien cette mentalité. En définitive, ça sera du fifty-fifty. Je ferai moitié simulation numérique avec Z., et moitié expériences de bio en labo avec une étudiante dont j'ai oublié le nom. J'aurai peut-être à présenter un compte-rendu de mon boulot à la fin au groupe dont fait partie l'équipe du Dr. V.. À ce propos, Dr. V. aimerait me voir au conference group meeting qui justement est une réunion de tous les membres du groupe, présidée par le grand manitou, le Dr. G., afin que je m'y présente, et que j'entende parler de toutes les recherches du moment dans le groupe.

Hop, retour dans le bureau de Z. où je remarque un strip de PHD Comics affiché au milieu de tout un bordel de papiers sur un mur.

'Since he talks slowly, people think Dr. V. is judging them.'

Personnellement, moi ça allait, un docteur qui me propose du café en entrant ne peut pas me vouloir de mal.

Z. me présente ensuite B., le respo technique de l'ISI, qui met en place mon PC et nous laisse y installer Ubuntu. On parle un peu de la scolarité en France, il me demande si j'ai vu un documentaire avec une histoire de murs dans le titre. Je réfléchis un peu. Entre les murs ?

'Between the...'
'Yup, Between Walls. Have you seen it?'
'I've heard about it. But not seen it.'
'Uh. Ok.'

Z. demande des renseignement à B. par rapport à mon téléphone. Ils trouvent une adresse pas trop loin. Une fois qu'Ubuntu a fini d'installer ses 268 mises à jour, on s'y rend, et je repars avec un téléphone mobile flambant neuf, sans contrat, avec 1000 minutes de communication dedans. et rechargeable au besoin. Z. me ramène au motel en me laissant une publi de plus à lire.

Je finis d'ouvrir l'emballage du téléphone (J'avais commencé à l'ouvrir, ainsi que ma main, dans la voiture) et appelle Z.. J'arrive pas à l'avoir. Mais il me rappelle. Victoire. Tout marche. À la télé, un super-héros parodiant Batman, engoncé dans une armure complète violette dès qu'il sort de la cave secrète aménagée sous sa maison, sort des versets des Évangiles. L'épisode se finit, et j'apprends le nom de la série. C'est Bibleman. True story. Bon. Dodo.

Samedi

Le Wi-Fi marche toujours pas. P'tit déj', glandouille devant la télé. C'est fou ce qu'il peut y avoir comme pubs. On se rend pas compte, mais ici c'est vraiment dur. Pas plus d'un quart d'heure de programme sans se prendre un coup de pub. À part peut-être les infos. Et les infos, faut les voir... On est loin du journalisme télévisé français, policé à l'extrême, et dégoulinant presque d'objectivité prétendue. Alors qu'ici, les infos sont un spectacle comme un autre. C'est plus sympa à regarder, mais je regrette presque de pas avoir cette petite touche de sérieux et de pompeux pour contraster avec le reste.

Histoire de pouvoir lire mes mails, je me rends à l'USC. Devant l'entrée, je photographie une camionnette qui m'intrigue. À quelques pas d'une statue que j'avais déjà remarquée pour les insignes maçonniques qu'elle portait, le minivan affiche lui clairement le compas, l'équerre et le G au milieu. Si vous me croyez pas, vous avez qu'à agrandir la photo en cliquant dessus. Je sais pas si ça vaut la pyramide et l'œil triangulé du Grand Architecte des bucks façon billets, mais Robert Langdon saurait sûrement qu'en faire.

Plus loin, dans un des parcs, tout un tas de students en maillot bronzent sur des serviettes posées sur l'herbe. Repassant devant ce qui a l'air d'être une librairie, je décide de tenter de voir un peu ce que je peux y trouver. Le rez-de-chaussée ne ment pas, on est bien dans un bookstore. Au fond peuvent être trouvés des jeux de société. Mais, le magasin comporte 3 étages plus un sous-sol, et le rez-de chaussée à lui seul semble déjà contenir tout l'éventail de catégories de bouquin qu'on est en droit d'attendre. Je descends un étage en-dessous. Et merde, un magasin informatique et jeuvidéesque. C'est une mini-Fnac. Je me rends au premier étage, et là, stupéfaction. Tout un étage de fringues de supporters, dont un bon paquet sponsorisées par Nike. Tout l'étage est rouge et or, aux couleurs des Trojans et de l'univesité. Tiens, du coup, ça justifie la photo de Tommy Trojan, la mascotte officieuse de l'USC (la mascotte officielle étant un cheval blanc, monté par un type déguisé en troyen. Ah ah), qui a rien à foutre à vendredi, vu qu'elle se trouve sur le campus de l'USC, et non à Marina del Rey. Mais on va dire que c'est pas grave. Je sors du magasin.

Toujours en passant, je croise des types peinturlurés en bleu et/ou vert. Je suppose que c'est pas pour une nouvelle pub d'Intel. Ya plus de chances que ce soit pour l'Earth Week qui arrive. Pendant une semaine, l'USC se sent pousser des feuilles.

Je m'assois, je pianote, je regarde mes mails. Youhou ! Retour à la civilisation.

Une fois la batterie vide, je m'en vais, bien sûr. Et sur le chemin, je recroise les peinturlurés de tout à l'heure. Ils sont en train de tourner un court-métrage en utilisant les locaux de l'université. Bien sûr... Z. m'avait prévenu. On voit toujours un tas de types tourner des trucs dans l'USC. C'est pour leurs études, ils sont à l'école de cinéma de l'université. Et c'est pas n'importe laquelle. Elle a vu parmi ses élèves un certain Robert Zemeckis et un certain George Lucas. C'est dire...

Sur le retour, j'arrive à prendre en photo un des écureuils qui avaient décidé de se battre sur mon passage.

Et enfin, retour motel. Je me renseigne. Il y a une connexion filaire dans chaque chambre. Fabuleux, je vais m'avaler un burger (bien meilleur qu'en France, soit dit en passant) pour fêter ça !

mercredi 15 avril 2009

...like to see America.

On m'apporte à manger. Il est midi. Heure de Los Angeles.

L'avion a décollé il y a neuf heures, et amorce sa descente vers LAX. Une heure plus tard, atterrissage, applaudissements, débarquement, avec 5 minutes d'avance.

Et là, c'est le drame. La queue devant le service d'immigration, qui est lui-même devant les tapis où commencent à défiler les bagages. Des agents passent contrôler les formulaires de douane que j'étais censé avoir reçus à l'embarquement, sauf qu'en fait non, j'ai dû en demander aux PNC dans l'avion.

Une heure plus tard, je suis enfin devant l'agent de l'immigration. Il me demande si j'ai un visa. Oui. Il me demande de sortir les papiers qui vont avec. Je sors tout, le DS-2019, le reçu des frais SEVIS, mes attestations d'assurance. Il voulait juste le DS-2019. Quatre tampons, autant de signatures. Toutes mes empreintes digitales, que j'avais déjà données pour le visa. Et une photo en live, aussi.

'What kind of business?'
'A research internship in Physics.'
'Oh. It's good, you can go. Next!'

Ma valise, et je me grouille, une heure de retard, c'est pas classe. Plus qu'un agent à passer.

'What kind of business?'
'A research internship at USC.'
'I love USC. You can go.'

Et tout se passe bien. Un panneau Garcia m'attend, comme arrangé. Celui qui le tient, Z., est le thésard qui va me prendre en charge en pratique, Dr. V. étant pas mal occupé, et pour l'instant absent.

Il récupère ma grosse valise pendant que je m'excuse auprès d'une vieille irascible qui avait rien à faire sous mes pieds. Il m'amène à sa grosse voiture, où on charge son gros coffre. On sort du parking du gros aéroport pour s'engager sur une énorme voie entourée de gigantesques palmiers.

Des freeways partout. 4, 5, 6 voies... Z. est un peu désolé. Pour lui, la vraie Los Angeles, c'est pas ça. Il reconnaît la démesure de la ville, même s'il est un peu surpris de ma surprise.

Il parle super vite, est super sympa, et fait plein de blagues. Il me parle de ses potes européens, du fait qu'il soit jamais allé en France, de tout un tas de trucs. Pour lui, ce monopole de la voiture est ridiculous. Comme pas mal de choses. Du genre le fait que la plupart des Américains ne parlent pas d'autre langue que l'anglais. Ridiculous. Et aussi le prix de l'année pour un undergrad à l'University of Southern California. Allez, dis un nombre, pour voir. Je tente. Raté, c'est plus. Encore plus. 35000 $. Ridiculous, all profit-oriented. Merde, un Américain de gauche.

Il m'amène au motel - le Vagabond Inn - où j'apprends que la réservation a été faite au nom de Sinon Jaocin. Je comprends la réceptionniste, du coup. Il baragouine un peu, m'obtient une petite réduction. Je récupère la chambre, on pose les bagages. Et il m'emmène à pied faire un tour de l'USC. On traverse tout ça pendant qu'il m'explique les bons et mauvais côtés du coin. On arrive là où je vais bosser, à la Viterbi School of Engineering. J'y rencontre les étudiants de l'équipe du Dr. V., et découvre le poste informatique qui m'est alloué. De cette salle de labo, Z. me cherche une annonce sur Craigslist, en repère une bien, et écrit au posteur. Parallèlement, il m'imprime des renseignements supplémentaires. Enfin, on discute téléphone. Il va faire des recherches demain, me demande de ne rien acheter pour l'instant. On concluera tout ça avec Dr. V. à son bureau sur la côte, à Marina del Rey, vendredi matin. Je maile la famille, histoire de.

On rentre ensemble, Z. et moi. Il récupère sa voiture, et me dit que je peux tenter de passer au labo le lendemain matin. Lui n'y sera pas, mais Dr. V. y est traditionnellement entre 8 heures du mat' et midi. Sachant qu'il se lève à 4 heures du mat'. A little workaholic. But, a clearly good influence, of course.

J'ai allumé la télé. Je sais pas quoi regarder, ya tout un tas de chaînes, dont un bon quart en espagnol. C'est beaucoup trop pour que j'arrive à choisir. Ridiculous.

Take a jumbo across the water...

Et voilà. C'est le jour J, the D-day, comme disent les autres.

Lever à 4h30 du matin, je l'ai dit. Tout le monde s'est réveillé pour m'accompagner et c'est à 5 dans la voiture paternelle qu'on se rend à l'aéroport de Blagnac.

Le vol est à 7h20, l'embarquement à moins dix. On est enregistrés une heure avant, avec la confirmation que mes bagages prendront tout seuls la correspondance à Charles-de-Gaulle.

Après un café pris rapidement, mon père et moi disons au revoir au reste de la famille, passons les portiques de sécurité, il m'achète un Fluide Glacial pour le transat', on attend un peu et on embarque. Mon père n'avait pas pris l'avion depuis qu'il m'avait amené à Legoland au Danemark.

Dans l'avion, une hôtesse vient me voir pour m'informer de la localisation de la partie du terminal 2E d'où je décollerai pour le second vol. Une heure dix après l'envol, nous atterissons à Roissy. Je suis déjà enregistré pour ce vol aussi, ma carte d'embarquement m'a été remise à Toulouse.

On transite rapido, le terminal n'étant pas très loin du 2F, où nous avons atterri. Et en fait, ça se finit là. Une grande file serpente devant le guichet où s'effectue la vérification des passeports. Mon père m'y laisse m'avancer pendant qu'il essaie de joindre ma mère par téléphone, en vain. Je passe le portique, et lui se dirige vers la gare ferroviaire d'où il va effectuer le retour, sept heures durant.

Quant à moi, les formalités étant passées, et après un petit temps d'attente, j'embarque.

L'engin est énorme, et les réacteurs qui le portent le sont tout autant. Je découvre enfin l'intérieur. Grande surprise. Des sièges énormes, inclinables de tous les côtés, avec un écran 20 pouces incrusté dans l'arrière du rang de devant (si, c'est simple, réfléchissez).

Ah, c'est les fauteuils des privilégiés... Au temps pour moi, je me disais, aussi, y en a vraiment pas des masses par rangée. Je continue donc un peu plus loin, mes sacs en bandoulière. Les écrans sont plus petits, les fauteuils moins réglables, mais ça reste très correct. Ah, c'est la classe affaires... Encore plus loin, du coup... Bon, là on arrive dans la section où les sièges ressemblent à ceux que j'ai pu voir dans tous les vols intérieurs que j'ai pu prendre. Classe éco, c'est sûr. Et puis de toutes façons, après, c'est les chiottes, et la fin de l'avion.

Mais je m'en fous, les sièges ont quand même de petits écrans et la télécommande qui va avec. Du coup, je vais rien lire de ce que je me suis pris, et regarder Largo Winch, puis Burn After Reading.

Le mec assis devant moi se retourne, me demande si je parle anglais. Je lui réponds que je suis Français, mais que je parle effectivement anglais. Il s'excuse pour la place que j'ai, à savoir au beau milieu de ce qui semble être une classe un peu bordélique, et dont il est un des responsables.

J'apprendrai un peu plus tard qu'ils proviennent de l'équivalent d'un lycée en Californie et qu'ils rentrent d'un voyage scolaire en France et en Espagne. Pas très intéressant, comme anecdote, effectivement. Sauf que ça me donne à voir une caricature pas très sympathique de la compagne du Joe Six-pack, l'Américain moyen. Une tendance à l'embonpoint, au maquillage maçonné à la truelle, et aux lunettes de soleil dans l'avion pour se protéger des loupiotes au-dessus des sièges.

Mais heureusement, ce qui est bien avec les moyennes, c'est qu'il y a souvent des fluctuations qui permettent de s'en défaire. Cependant, ça, je le sais pas encore, vu qu'il est midi (heure française) et qu'on m'apporte à manger.

mardi 14 avril 2009

UnB'Day

Juste un petit post à la veille du départ, pas tant pour relater mon absence toujours réelle de logement pour les quatre mois là-bas, ni pour expliquer les normes des services de douane des aéroports étasuniens en matière de bagages, mais juste pour la photo à droite, là.

Dans certaines contrées, genre tout Tournefeuille, en lieu et place de Zob ou Espoing, je suis plutôt désigné par le diminutif Didi. Et avant-hier, j'ai eu droit au cadeau visible sur ladite photo, à l'occasion de mon non-anniversaire (ou alors de mon anniversaire, mais qu'on fêterait en avril plutôt qu'en octobre). Quatre lettres censées me représenter, mais qui ne parleront pas forcément aux Kchanais. Une pour AWP, une pour l'écureuil, une pour le poumon, et une pour les photos.

Pour ceux qui sont concernés : merci. Beaucoup.

Je les laisse ici, trop peur de les abîmer dans le transport pour les emmener en Californie. Et je vais me coucher. Demain, réveil à 4.30. Ante meridiem, of course.

jeudi 9 avril 2009

Southern blot

Un exam de biophysique sur les protéines, mi-chiant, mi-scandaleux.
Une réu sur l'agrèg, trop déprimante pour être écoutée.
Un appart, rangé.
Un Maël, croisé avant qu'il reparte.

Puis, hop, voiture, A20, une pause dans une station service où la mousse au chocolat coûte un repas au Crous.

Les kilomètres filent, et enfin, retour à la civilisationg, putaing. Fini les noms de villes nouvelles en -y, bonsoir les villages en -ac. Bonsoir les poches, les moinsse et les chocolatines. Et bonsoir Cahors.

Une nuit, un jour, c'est court, mais ya trop de trucs à faire en trop peu de temps avant le départ.

Et du coup, Toulouse, maison. Entre deux parties de Guitar Hero (qui a fait la route avec nous en tant que passager supplémentaire), les rendez-vous s'enchaînent.

La réceptionniste du motel où je dois aller après mon vol bite rien à rien. Elle comprend pas mon nom en lisant la réservation, dans une ville où les latinos sont la moitié de la population. Je lui en foutrai, des Guêweukiieuh, moi...

Les dollars pleuvent à l'aéroport. Les euros aussi, mais pas du bon côté. Mes lunettes sont resserrées, mes lentilles renouvelées (Quoi ? Mais si, ça m'arrive). Une visite chez le docteur me permet d'emporter une pharmacie dans ma valise. Enfin, presque, le pharmacien rentre pas. J'ai fait tomber mes tifs, au grand dam certain d'une certaine. Los Angeles en été, ça me semble pas adéquat pour devenir hippie.

Banque, dentiste, ça sera pour demain. On m'attend pour jouer à Guitar Hero.

dimanche 5 avril 2009

That's all folks!

Mardi 31 : dernier entraînement d'impro
Mercredi 1er : dernier cours de M1
Jeudi 2 : dernier match d'impro
Samedi 4 : dernier [Pot]

Ça pue la fin à plein nez.

Je quitte Cachan le 7, après mon dernier exam. Direction Toulouse, pour une semaine. Et le 15, le vrai départ.

Je viens de récupérer pas loin de 400 $ américains, merci Peck. Kader est passé récupérer la basse de Luc. J'ai dégagé mon frigo superflu il y a trois jours. Et j'ai presque fini de plier mon linge. Chuis pas loin d'être prêt à partir, en définitive.

Je bossouille, pas vraiment motivé, de la biophysique en vue de l'exam de mardi.

Il commence à me tarder de partir, mais ça fout toujours un coup de devoir dire au revoir, à septembre si t'es encore là, j't'écrirai, tout ça.

Bref.

Je vais finir mon linge, tiens.