dimanche 31 mai 2009

Normandie with no cheese

Semaine du 18

Bon, comme je l'ai dit. Il a fallu que je retourne m'occuper des plantes chez Mrs. C.. Ce que j'ai donc fait, avec un petit sac à dos et mon ordi, jusqu'à son retour le mardi soir.

Du coup, j'en ai profité pour prendre, à la demande générale d'Audrey, des photos de "la maison du Desperate Houseman", que je poste donc ici (par contre, j'ai oublié d'en prendre depuis l'autre côté de la rue pour rendre le côté pelouse trop verte pour le climat et qui semble coupée au millimètre comme on ne peut en voir que dans les banlieues américaines).



Et mercredi soir, me voilà dans ma nouvelle maison, et ce pour de bon. Un peu plus loin que ce que j'espérais de l'entrée de l'USC la plus proche qui se trouve sur Vermont Avenue. À trois blocs de là en fait, ce qui est bien, mais pas top. Entre dix minutes et un quart d'heure de marche. C'est pas horrible, mais c'est chiant, avec le portable et caetera. Et pour faire des courses, c'est pire. Si je veux acheter autre chose que des paquets de chips, il faut que je me rende au nord du campus, c'est à dire loin. Loin à pied en tout cas. Me faut définitivement un vélo. Par contre, j'ai une autre très grande voie angelienne à deux pas de chez moi : Normandie Avenue. Mais bon, à part deux trois épiceries miteuses, bah ya rien.

Sinon, fin de semaine à peu près normale. Dr. V., rentré mercredi, nous briefe rapido sur comment accueillir Mat., un postdoc slovène qui doit passer la semaine suivante au labo.

Ah si, un truc sympa. Vendredi, j'ai passé ma matinée au bureau à l'ISI. Puis à un moment, chuis allé pisser (passionnant, hein ?). Et quand je suis revenu, je me suis aperçu d'un truc qui devait être là depuis quelques heures (quelques jours ?) déjà, mais qui m'avait pas frappé.

Sur la porte, en dessous de celle de Z., une plaque portant mon nom. La classe.

Samedi

Rien. Enfin pas grand chose. V. a dû rester au labo faire des expériences. Oui, c'est ça qui est chiant avec la bio. Tu peux pas vraiment remettre au lendemain certaines expériences. Pasqu'il y a des trucs vivants. Eh oui.

Toujours est-il que j'ai donc prévu d'aller déjeuner avec elle pour pas qu'elle se fasse trop chier. Mais avant, je dois aller loin au nord du campus. (Loin à pied. Au niveau de là où je peux faire mes courses) Et pourquoi ? Pour m'acheter un vélo pour 50 $. Un peu vieux, pas mal rouillé, mais en bon état de marche, avec un antivol, un "siège" arrière et un panier. Chuis content. Ya pas à dire, ça change complètement la vie. Pour la peine je fais aussi des courses, je repasse au labo, puis je fais un aller-retour chez moi poser mes emplettes. Moins de cinq minutes pour joindre le labo et ma piaule, le rêve.

Le soir, je fais la connaissance d'une de mes collocs, une Chinoise nommée N. et qui me dit que le lendemain ils (mes collocs) fêtent tous l'anniversaire d'un pote. Comme elle a peur que je m'ennuie, elle m'invite donc à les rejoindre. Je décline gentiment. Passer la journée avec des mecs qui se connaissent tous et qui vont tous parler chinois entre eux, bof. Et puis surtout, surtout, j'ai déjà quelque chose de prévu.

Dimanche

















Le truc prévu en question, c'est un concert : la première des deux journées du JazzReggae Festival, avec comme tête d'affiche Erykah Badu, à l'UCLA.

Je vais y passer la journée, avec V., pour 7 heures de concert, assis sur des serviettes de plage au milieu d'un stade immense bordés par des boutiques en tout genre. J'y découvre que les Amerloques sont friands de frites à l'ail, et de funnel cakes, des espèces de gâteaux ayant la même consistance et le même goût que les churros, sauf qu'il y en a vachement plus.


Semaine du 25

Je passe la semaine à ranger et à faire le ménage. Youhou. Au labo, un thésard slovène est là pour deux semaines. Une de mes collocs, N., a disparu sans même que je m'en rende compte. Pouf pus là. Et en me baladant à vélo pour me rendre à mon boulot, je comprends pourquoi Fallout 1 et 2 ont pour lieu la Californie.


Week-end

Rien. Mais puissamment rien.
Samedi : réveillé à midi, levé à 1.00 pm, devant l'ordi à faire du Skype/MSN/AWP jusqu'à 4.00, à la douche jusqu'à 5.00, heure à laquelle j'ai (petit) déjeuné, et sorti faire des courses vers 7.00. Efficace. Dimanche, pareil, mais en moins pire.

Ce que j'ai oublié

Parce que j'ai oublié un truc, pas si négligeable quand même. J'ai vécu mon premier vrai earthquake. C'était dimanche 17, pendant la soirée, une peu avant 9.00 pm. J'étais assis devant mon ordi, dans la chambre de chez Mrs. C., à faire du rien. À un moment, drôle de sensation, tout tremble pendant quinze secondes, mais sans excès, rien ne tombe. Je sais ce que c'est, je sais aussi que je peux pas faire grand chose. Instinctivement, je prends mes clefs et me dirige vers une arche consolidée proche de la porte de sortie. Et tout ça en laissant mon portable allumé et grand ouvert dans la chambre. Je pensais pas que je serais prêt à tout laisser et à partir en cas de séisme, et je me suis pas mal surpis sur ce coup, mais c'est somme toute plutôt rassurant. Quelques minutes plus tard, j'ai eu droit à une deuxième vague, sans doute une conséquence du premier. J'apprendrai plus tard que l'épicentre se trouve non loin de LAX. Magnitude 4.7 pour le premier. C'est pas rien. Les zones plus proches de l'épicentre pleurent du mobilier.

Et mardi, au labo, après avoir un peu discuté du tremblement de terre de dimanche, rebelote. Tout le monde a abandonné ses activités, on est tous descendus du troisième étage pour aller attendre dehors la deuxième vague qui n'est jamais venue. 4.0 pour celui-là. S., qui est en thèse ici depuis trois ans, n'avait vécu que trois gros séismes angeliens jusque là. Et, du coup, deux de plus en seulement trois jours.

vendredi 15 mai 2009

Avenue of the Stars

Semaine du 4

Au labo, rien de bien nouveau. J'ai droit à mon USC Card, ma carte d'identité prouvant mon statut de visiting scholar, ce qui me permet par exemple de ne pas pouvoir entrer dans toutes les grosses installations sportives (dont une piscine) réservées aux étudiants. Eh oui, j'avais qu'à payer 35000 $ par an, si chuis pas content.

À la maison, par contre, du nouveau. J'ai "chez moi" et pour une semaine le gendre de Mrs. C., J.. En temps normal, il vit dans l'état de Washington, mais il doit assez souvent se rendre à Los Angeles, les studios étant là. 55 ans, deux gosses de 2 et 5 ans, J. est depuis une vingtaine d'années l'acteur qui a le droit d'endosser le costume de la mascotte officielle de la chaîne de fast-food Jack in the Box. Tout le monde le connaît, mais personne ne le reconnaît, vu qu'il se trimballe en permanence avec une grosse tête de clown dans les événements où il joue Jack. Fun fact, son avatar et lui-même partagent presque le même prénom, sauf que pour J., c'est à la française, famille pied-noir oblige. Et d'ailleurs, il parle un peu français, et c'est marrant. Bon, ça c'est en discutant un peu que je l'ai appris. Il m'a pas déballé ça en arrivant.

Non, en arrivant, il s'est présenté, rapidement, et après m'a demandé :

'Do you smoke pot?'

C'était pas une question suspicieuse, c'était une proposition.

'It's the best. From British Columbia.'

Bah merde, je voyais pas le Canada comme ça... Devant son pétard tendu, je lui ai expliqué que je fumais pas, et que le poumon tout ça.

'Oh. No problem. I have cookies too.'

Putain. Des space-cookies. Bon, il repartira sans que j'y aie goûté. Mais merde, ce type est trop bon, je vais pas m'ennuyer cette semaine. Et en plus il me fait à bouffer le soir. Énorme.

On a des discussions très intéressantes, comme par exemple le fait qu'il culpabilise un peu de tourner toutes ces pubs pour Jack in the Box parce qu'elles entraînent les gens à aller au fast-food, et du coup, il est un peu responsable de l'obésité des Américains de la côte Ouest. Quand je lui réponds que personne est obligé d'aller y manger, il a un répartie toute trouvée : ils rendent ça fun en faisant des pubs marrantes. Et c'est vrai que leurs pubs sont marrantes. Rien à voir avec celles de leurs confrères de Burger King ou de Mc Donald's. Ni avec la moyenne des pubs à la télé.

Autre sujet sympa. J. est convaincu que malgré le premier amendement de la Constitution garantissant la séparation de l'Église et de l'État, les États-Unis sont encore très très portés sur le fait religieux (confer le week-end précédent avec le toubib qui me voyait soit catho soit juif) pour une raison bien particulière : leur jeunesse. Pour lui, le désintérêt progressif des Européens pour le culte et la montée de l'agnosticisme est la preuve que le Vieux Monde est passé à autre chose et n'a plus besoin de la religion pour être guidé. Au contraire, les USA sont en plein dedans parce qu'ils n'ont que 500 ans d'existence, et la religion leur est nécessaire pour encadrer moralement les citoyens.


Samedi

On est censés aller à Hollywood avec V., en partant à 11.00 am. Je dis "censés", pasque les bus sont pas d'accord. Plus exactement, le bus que doit prendre V. ne fonctionne pas à cause d'une manifestation pour récolter des fonds pour le cancer du sein. À l'occasion, ça me permet d'apprendre que la femme de J. a survécu à un cancer l'an dernier, et ce sans chimiothérapie. J. est convaincu qu'il y a une grosse partie de mental là-dedans, et que l'effet placebo est pas pour rien dans la guérison (quel que soit le "médicament" en question : foi en Dieu, foi en les docteurs, foi en la science, foi en l'homéopathie, etc.). La médecine est importante, mais le mental est pas négligeable. J'apprends aussi que J. est atteint d'une des plus graves formes d'hépatite, et qu'il compte bien la vaincre principalement en étant convaincu qu'il va s'en sortir. Pour sa femme et ses gosses.


2.00 pm, la manif se finit, on peut prendre le bus, et aller à Hollywood. Et pour le reste de la journée, je pense que les photos parlent d'elles-mêmes.

(Bon, en vrai, j'en ai beaucoup plus, mais c'est chiant à ajouter alors j'arrête)


Dimanche

Quand j'ai dit vendredi soir à J. que je voulais tester le cinéma à L.A., il a pris la résolution de m'emmener dans un des plus gros cinéma de la ville, et dans ce cinéma, dans la plus grosse salle, pour vivre un film en IMAX. À la limite, le film importe peu. Au début, on devait aller voir Star Trek le dimanche aprèm. Le problème, c'est que les horaires sont tout pourris, donc va ptêt falloir se rabattre sur un autre film.

Sauf que, à 10.00 am, J. me réveille et me dit qu'il y a une séance pour voir Star Trek dans une heure et demie, mais qu'il nous faut partir dans une demi-heure maximum. Pas de problème, je m'habille en vitesse, J. m'offre de son oatmeal, sorte de porridge à base d'avoine, et on est partis, direction Burbank. Ça roule bien. Un autre avantage d'être dans un pays très religieux, me dit J., est que le dimanche matin, les gens sont à la messe plutôt que d'aller au cinéma. Pas faux.

J. me paie ma place (11 $) et un putain de gros paquet de pop corn. La salle est immense, l'écran aussi. Le film est sympa, plein de références. Sauf qu'avec le son et l'image version IMAX, bah... D'une séance sympa due au film sympa, on passe à une séance énorme. On a juste l'impression d'y être. Ce qui est pas totalement faux, vu qu'après tout le film a été tourné à peine à quelques miles de là...

Le soir, J. m'emmène manger mexicain au restaurant Lotteria situé en plein milieu du Farmers Market. Ce dernier est un marché fondé en 1934, et qui continue d'exister depuis. Alors bon, c'est un marché à l'américaine. Quelques fruits et légumes, certes. Mais aussi des magasins de stickers ou de souvenirs. Et surtout, plein de petits restaus, et plein de tables pour pouvoir s'asseoir et déguster les plats commandés tout autour. J. commande un assortiment de tacos pour que je puisse goûter à tout. Et il m'offre le repas... Avant qu'on s'en aille, il me signale un mec qui était là pour acheter des noix au marché et me dit que c'est un humoriste très célèbre se produisant souvent au Saturday Night Live (bien sûr, j'en sais rien et je le connais pas). Et de renchérir sur le fait que c'est un lieu assez prisé des vedettes. Non, pas les bateaux. Et voilà, je bouffe à côté de stars et je m'en rends même pas compte.

J. doit partir le lendemain, il va me manquer, c'était vraiment marrant. D'ailleurs, en partant le lundi, je lui laisse un mot lui disant que si je rentrais pas à temps pour lui dire au revoir, je le remerciais grandement parce que je m'étais bien amusé. En rentrant, trop tard, j'ai eu droit au mot suivant :

'Bonne chance Simon.'

En français dans le texte. Énorme.

Semaine du 11

Mardi, free food (enfin !). Le bureau des services internationaux de l'USC a convié tous les J1 scholars (étudiants et chercheurs étant à l'USC pour une durée "courte" et ayant eu accès au territoire américain à ce titre en utilisant un visa d'échange de type J1) à un petit déj' pour qu'on se rencontre tous. Peut-être une chance de découvrir d'autres Français sur le campus.

Bon, c'est mal parti. Sur la vingtaine de personnes présentes, une bonne quinzaine d'asiates dont une majorité de Chinois, quelques Japonais, quelques Taïwanais (élèves et professeurs). Une Iranienne. Une Argentine. Trois Européens, dont V. et moi-même. Le tout présidée par une élève qui vient de graduater en relations internationales, et par le responsable qui s'était occupé de mon visa.

C'est pas grave, ça empêche pas de faire connaissance. Un Chinois, dont le nom que j'ai sûrement mal compris ne m'a inspiré que celui du Télétubbie rouge, me parle dans un anglais que je bite à 50 %. Quand je sais pas, j'acquiesce. Sinon, il a l'air sympa. Un autre, dont j'ai oublié le nom, me conseille un site, dont j'ai oublié l'adresse, pour trouver un vélo (oui, je cherche un vélo et je suis pas sûr d'être aussi chanceux que V. qui a trouvé un vélo non attaché aux pneus dégonflés dans son jardin, et qui a décidé d'en prendre soin en regonflant ces derniers et en achetant un antivol).

Mais la facilité l'emportant, bientôt s'est formé un petit regroupement des quatre Occidentaux de la salle. Je fais ainsi la connaissance de M. et M. (yes, t'en as j'en veux un bleu !).

Bon, sauf que là ça va être la merde. Jusque là, les gens avaient eu l'intelligence d'avoir des prénoms qui ne commençaient pas par la même lettre. Alors, bon, on va en appeler une M. et l'autre Ma. (même si les deux pourraient être abrégées en Ma., fait chier). Et faites gaffe, cette M. là elle a rien à voir avec M. la Française qui est partie il y a de ça une bonne semaine. Faut suivre, hein.

Donc, je fais ainsi la connaissance de M., qui est néerlandaise, a mon âge, habite à Pasadena et bosse sur le Health Sciences Campus ; et de Ma., qui est argentine, a 23 ans et pour le reste je sais plus. On prévoit de se retrouver tous les quatre ce vendredi pour voir la cérémonie du commencement, c'est à dire la remise des diplômes, présidée par le gouverneur de Californie en personne. Et c'est qui le gouverneur ? Et oui, c'est Schwarzy.

Mardi aprèm, S. est pas là pasqu'elle est malade. Je passe la journée au labo à faire rien. Enfin, non, pas rien, je continue de monter le wiki pour Another World Project que j'ai récemment mis en place.

Mercredi, Z. est pas là pasqu'il est malade. Je code un peu, je teste mes scripts qui veulent toujours pas me donner de bons résultats. Les auteurs de toutes les publis que je trouve arrêtent pas de blâmer leurs prédécesseurs parce qu'ils ont pas utilisé la bonne formule. Ils en donnent une autre, en disant que ça marche mieux. Sauf qu'en pratique, bah, je vois pas l'amélioration. Pas grave. J'en ai marre. Je fais rien. Enfin, non, pas rien, du AWP.

Jeudi, j'ai enfin quelque chose à faire, grâce à V.. Voyant que je commençais à me faire chier, elle m'a pris comme assistant pour enlever la peau de ses graines d'orge, pour préparer des solutions sucrées, et caetera. Elle m'avoue que c'est pas passionnant. M'en fous, moi chuis ravi, j'ai un truc à faire !

Vendredi, enfin, le commencement ! Ya du monde partout, c'est fou. Une grande file s'est formée avec tous ceux qui sont là pour perdre leur statut d'undergraduate (à ce propos, j'ai découvert que je n'étais plus un undergraduate, mais un graduate student, dans le système américain. C'est énorme). C'est très très dur de circuler, entre les familles, le service d'ordre réquisitionné pour la journée, et tout le bordel. J'arrive enfin au lieu du rendez-vous, l'arrière de la bibliothèque où se tiendra les discours, et où on a eu droit à notre free food de mardi matin. J'y retrouve M., et c'est tout. On attend, puis on attend plus et on va prendre des chaises là où sont censés s'asseoir les familles et les jeunes diplômés. Mais bon, on s'en fout.

Et c'est là que c'est marrant. Chaque chaise non occupée a un petit bouquin déposé sur le siège. Dedans, le détail de tout le commencement, l'ordre des discours, l'heure et le lieu des cérémonies satellites (une cérémonie par département, en gros), le nom de tous les nouveaux diplômés et surtout surtout, une description des personnes recevant le titre de Docteur honoris causa. Une double page est consacrée à deux nouveaux Doctors of Humane Letters.

La première, Frances Wu, se voit attribuer ce titre pour son boulot en psychologie auprès des enfants, puis auprès des vieux au moyen d'associations, de fondations, de dons, et caetera. Le second, une certain Arnold Schwarzenegger, pour son boulot dans Terminator, Predator, Total Recall, et caetera. Pis à un moment, c'est au tour du Govern(at)or, nouvellement docteur, de prendre la parole, pour nous décrire la splendeur du rêve américain, du fait que sa mère le croyait gay parce qu'il affichait des posters de mecs bodybuildés quand il était gosse, de comment persister dans son rêve lui a permis d'arriver aux USA, le meilleur des pays selon lui, et de devenir la star qu'il est au lieu d'être fermier en Autriche. Un discours plutôt sympa, en fait, même si là ç'a pas l'air.

Et puis musique, pendant que tous les diplomés défilent en habits or et rouge. La fanfare joue du Pat Bénatar, et moi je me marre. V. nous retrouve enfin. Elle avait appelé un peu plus tôt du labo, ne sachant pas venir au point de rendez-vous. Mais avec le monde, ç'avait été impossible de la guider jusqu'à nous. On va manger chez elle tous les trois, où je photographie le frigo de ses collocs, ersatz de Paris Hilton, peroxydées et en sororité. On revient au labo mollement, et la journée est finie. Heureusement, parce que le lendemain, ça va chier, je déménage.

Je fais ma valise, réserve un taxi pour le lendemain matin, et dodo.

Week-end

Le taxi arrive trop tôt, je finis ma valise et embarque tout en bordel précipitamment, mais c'est pas grave si je laisse quelques trucs, vu que je vais revenir passer un ou deux jours ici à West Hollywood le temps que Mrs. C. revienne. Pour arroser les plantes, et lui rendre les clés, aussi. Bref. Et me voilà enfin arrivé dans ma nouvelle maison, à trois blocs de l'USC, que je vais pas quitter jusqu'à la fin de mon séjour.

Rions un peu en attendant les symptômes...

Hmm... Deux semaines ont passé, et le nombre de masques a augmenté de....

Deux, un la première semaine, un la deuxième, les deux dans le bus où se trouvent maintenant des petites brochures sur comment faire pour éviter de propager la maladie (entre autres : éviter les malades, rester chez soi si on est malades, se laver les mains souvent, ne pas se frotter les yeux ou le nez, et ne pas se faire éternuer dessus).

Le compte est donc maintenant de 5 masques ! Wouaw.

Eh beh, on a connu plus méchant, niveau pandémies...

vendredi 8 mai 2009

Road Runner

Samedi

Comme je fais rien aujourd'hui, l'éventuel barbeuc' du week-end étant tombé à l'eau, je profite de la matinée pour faire des courses. Passionnant.
Et comme je fais rien non plus cet aprèm, M. et N. me proposent de m'embarquer avec elles dans leur bagnole de location pour aller voir les plages de Malibu. J'accepte, évidemment.

Ce matin, elles sont allées voir du côté d'Hollywood, Walk of Fame, tout ça... La guide qui les accompagnait leur a signalé que pas très loin, à la table juste là-bas, vous pouvez observer un des membres d'AC/DC. Mais elles se rappellent plus de son nom.

- Euh...
- Angus Young ?
- Ah oui, c'est ça, Angus Young.
- Vous avez vu Angus Young ce matin !
- Bah ouais.
- Putaaaaaaaaaaaaaain !
- Boaf, on aurait préféré voir Brad Pitt.

Aaaaaaah, elles ont vu Angus Young, et elles en ont rien à péter. 'Tain.

Toujours est-il que me voilà parti avec les filles, direction Malibu. Après en avoir modérément chié avec la carte, on arrive à destination. Mais pas moyen de trouver une plage en accès à peu près libre pour voir où Pamela a couru au ralenti dans son maillot rouge. Et le réservoir est presque vide. Hop, petit tour à la station essence. Le mec de la station a jamais entendu parler de Baywatch. Par contre, le type en Ferrari à la cinquantaine bien tapée qui est en train de faire le plein connaît. Bon, moi, ça j'en sais rien, chuis toujours dans la bagnole. Je vois juste les filles commencer à discuter grave avec le mec en Ferrari. Elles reviennent.

Le mec à la Ferrari est un médecin qui leur a expliqué que toutes les plages de Malibu sont privées, mais que pour qu'elles puissent en voir une, il les invite à passer chez lui. Et moi aussi, du coup, même s'il sait pas encore que j'existe. On suit la Ferrari, la voiture de location a du mal à suivre ses accélérations. On arrive devant une maison qui a pas l'air très grande en façade. On sort, il remarque que je suis là, nous fait entrer chez lui, où des baffles gueulent plus que de raison. Il coupe le son, nous parle de sa femme, de la clinique qu'il a fondée avec un ami, du fait qu'il l'ait revendue et du magasin de bateaux dont il est le patron maintenant.

Il nous amène sur son balcon. Oh putain, la plage, et l'océan. Juste devant. C'est son bout de plage. Pas grand chose, même pas vingt mètres. Mais c'est sa plage. Et au loin, on peut voir des dauphins qui sautent hors de l'eau. C'est l'endroit le plus cher du coin au square inch. Tu m'étonnes. Et à deux maisons de là vivent les Osborne. Eh oui, le médecin l'admet, il est le pauvre du quartier. On continue la visite de la maison.

'It's very compact.'

Effectivement, la maison, bien que richement fournie, a pas l'air fabuleusement immense. Sauf que chaque fois qu'il ouvre une porte, une chambre se cache derrière. Et dans chacune d'elles, un écran plasma.

'I love high definition.'

On revient dans le salon. Là, il nous montre un catalogue de ses bateaux, et nous explique que c'est ceux de Miami Vice. Puis il nous dit qu'il est disposé à nous inviter à manger à Santa Monica ce soir, si on est libres, bien sûr, il veut forcer personne. Ils sont riches, sa femme et lui, mais ils aiment faire profiter. Sinon, ça sert à quoi d'avoir du fric. Il nous parle du rêve américain, de comment lui y est arrivé, et du bien qu'Obama fait aux USA.

'America is beautiful because you can find every country in it. And if you dream, you can... You can become your dream.'

Il revient de Las Vegas, il conseille les filles au niveau hôtel, puis il finit par nous demander nos noms. Quand je dis le mien, il me demande si je suis catholique. Forcément, avec un nom d'Espagnol, l'amalgame est vite fait, ici. Mais je lui réponds que non. Ah... Juif alors ? Ah bah oui, forcément, mon prénom. Sauf que non, non plus. J'en dis pas plus, il a dû en déduire que j'étais protestant...

Il nous raccompagne vers la porte, nous file sa carte, on sait jamais, pour ce soir. Et juste avant qu'on parte, il fait volte-face pour nous monter quelques photos encadrées, il énumère un tas de noms dont je me souviens pas, puis prend un autre cadre que j'avais pas remarqué. Et j'hallucine.

'And here, Mel Brooks and Gene Wilder.'

Oui, j'avais reconnu. Le médecin est un de leurs potes. D'ailleurs, pendant un temps, c'est chez lui qu'ils ont rédigé le scénar de Young Frankenstein, et à ce titre, il a contribué à l'écriture avec quelques conneries. Mieux, ils l'ont même fait jouer dans le film, mais sa scène a été coupée au montage. Putaiiiiiiin, mais c'est quoi cette ville, bordel ?

On s'en va, on mangera pas avec lui ce soir, même si voilà. Mais moi, j'hallucine toujours.

Dimanche

Aujourd'hui, grande journée en perspective. Romain, qui est en stage à Caltech, a eu la bonne idée en tant qu'escaladeur émérite de proposer d'aller faire un tour au Joshua Tree Park avec Loïc et Julien, qui sont venus de San Diego pour le week-end avec une bagnole de location, et Quentin qui vient d'arriver à l'UCLA, ainsi qu'un petit groupe de mecs qui sont à Caltech pour leur postdoc, un stage, ou leur thèse. Je retrouve donc la fine équipe le matin à 6.30 am devant la maison. Ils craignaient de me retrouver poignardé ou une balle dans le buffet, pasque Quentin a entendu dire à l'UCLA que l'USC était dans un quartier dangereux. Bon, ils se trompaient à double titre. D'une, l'USC est un peu plus au Sud que les quartiers vraiment chauds de Downtown. Et de deux, la maison est super loin de l'USC, je le sens tous les jours dans mon heure de bus biquotidienne.

Les 200 bornes nous séparant du parc avalées, on voit enfin le champ d'éoliennes de Rain Man dont ils parlent dans Le Routard. Mais c'est bien plus impressionnant que ce à quoi on s'attendait. Y en a partout. Et un vent pas possible. Les Joshua Trees font leur apparition sur le bord de la route. Des monts rougeâtres se dressent un peu partout, certains ont même de la neige à leur sommet. On a du mal à y croire.

On arrive au parc. Le paysage est irréel. Le désert partout. Des boulders, des Joshua Trees, et c'est tout. Tout autour. Partout. On s'attend à croiser des coyotes, ou des roadrunners, ou des serpents. On sait qu'il y en a, c'était marqué sur la carte de la petite boutique où on s'est arrêté boire un café dans le dernier village (nommé, assez originalement, Joshua Tree. L'avant dernier étant Yucca Valley...).

Les escaladeurs se mettent à escalader. Et en passant, ils nous indiquent un gros boulder qui, paraît-il, peut se grimper tout seul, sans équipement. Bon, vu de là où on est on dirait pas, et on a du mal à croire à la "pente progressive" qu'on nous promet. On avait tort. On a du monter une cinquantaine de mètres sans trop de mal. Après le port d'Amsterdam et le lac Léman, je peux maintenant dire que j'ai pissé dans le Joshua Tree Park. La classe.

Les escaladeurs escaladent toujours, on va faire un petit tour en voiture avec Julien et Loïc. On passe par un point de vue, où on arrive à distinguer au delà de la brume un mont se trouvant à la frontière mexicaine. Et dans la vallée, un trait presque invisible ressemblant à une route se révèle être la faille de San Andreas.

On revient, on récupère Quentin, on laisse Romain escalader avec les escaladeurs, et on s'en va. On a juste le temps de passer à Palm Springs si on veut que Julien et Loïc soient à San Diego à l'heure pour rendre la bagnole. Après beaucoup de mal, et un arrêt dans un Burger King, on trouve enfin. Et c'est nul. Ça ressemble à rien, on s'attendait à des maisons gigantesques. Bon... Y a de jolies maisons. Mais bon, ya aussi énormément de pompes à essence. Et de fast-foods. Deux rues parallèles à sens unique. Et c'est tout. Mouais... Pas grave, je resterai plutôt sur le souvenir du Joshua Tree Park, tiens...

vendredi 1 mai 2009

Desperate Houseman

Dimanche

Et bonjour, maison de Mrs. C. !

Le taxi me dépose juste devant, et c'est heureux. Pour 30 $, valait mieux... Mon barda va dans la chambre, le Wi-Fi est vite mis en place, les tiroirs vite remplis. Je me déleste sans attendre de mes presque 1900 $ en coupures de 20.

Et c'est là que les emmerdes continuent. Mrs. C. m'apporte un reçu qu'elle a fait pour attester que j'ai bien payé ce que je devais, et la durée de la location qui va avec. J'y apprends à mon grand désespoir que le security deposit, ç'a rien à voir avec une caution qu'elle garde au cas où je pète une table en verre. C'est le paiement du dernier mois. Bon, pas grave, je reste que trois semaines. Ah mais apparemment, c'est pas ce qu'elle a compris. Meeeerde. J'aime pas ça.

Du fait que je lui aie dit la veille que mon stage finissait début août, elle avait tout d'abord déduit que je restais jusque fin juillet chez elle. Puis, quand je lui ai dit, toujours samedi, que je risquais de pas habiter chez elle jusqu'au bout, elle a compris que je restais là en mai et en juin. Meeeerde. Comment faire passer ça ? Je vais pas lui dire que pour moi c'était clair que je comptais me barrer le 15 mai parce que j'ai déjà autre chose ailleurs, alors que je l'ai volontairement pas précisé avant pour qu'elle accepte de m'accueillir, tout en pensant que je pourrais partir quand je voulais, vu qu'on avait rien décidé comme date de fin.

Et puis voilà. Un mensonge. Histoire de s'en tirer, de pas avoir de confrontation. Et du coup, bah, j'avais mal compris. Parce qu'en fait, au labo, ils sont en train de me chercher une maison (c'est pas tout à fait faux, Z. a bien cherché une annonce pour moi sur Craigslist quand je suis arrivé, après tout). Bon, c'est pas encore sûr, hein. Mais si ça arrive, c'est vers le 20 mai. Voilà. Du coup, je sais pas encore.

'But I need to know it. Understand, if I was aware that you may not be here in May, I would not have done things that... Oh, I'm so disappointed.'

Fait chier. Bon, euh... Oui, bah, c'est parce qu'on s'est mal compris. Je parle pas encore assez bien anglais, du coup, j'ai pas compris, on va dire. Ça m'arrange, même. Bon, je leur demanderai demain où ils en sont. Voilà. On en reparle demain soir. De toutes façons, elle est pas là ce soir.

Pour le moment, je pars en repérage dans le coin. Little Ethiopia, le LACMA (Los Angeles County Museum of Art), le Miracle Mile, le coin est très sympa. Ne seraient ces histoires de loyer...

Lundi

Hop, étape suivante dans mon mensonge. Sitôt arrivé à l'ISI, j'envoie un mail confirmant que le labo m'a bien trouvé une chambre disponible à partir du 16 mai. Et que je compte m'y installer à cette date. Et que je suis désolé de causer du souci (ce qui est vrai), qu'il y a eu malentendu (ce qui est en grande partie vrai), et que je suis prêt à partir dès le lendemain en réglant pour les deux nuits s'il le faut, histoire de tout mettre à plat (ce qui est vrai, mais m'emmerderait pas mal). C'est rentre dedans. Pas de concession. J'ai peur de devoir retourner au motel. Je reçois une réponse un peu plus tard me disant qu'on en parle ce soir. J'ai encore plus peur.

À part ça, Dr. V., qui m'a fait rentrer dans le labo, en l'absence de Z., me demande si je sais quand ce dernier est censé arriver. Je suis moi-même là depuis 9.30 am. Dr. V. doit lui être arrivé vers 4 ou 5 heures du mat, comme à son habitude. Mais je sais pas quand Z. arrive. Ah, un texto. Bah si, en fait, je sais quand Z. arrive.

'He will be there at 12.15.'

Et Dr. V. de m'interroger sur les horaires des thésards français. Bah je sais pas, je suis pas thésard. Et des undergrad students ? Bah, c'est fixe, vu qu'on a des cours. De la recherche ? Bah avant ça j'ai juste fait un stage en labo d'un mois. On venait entre 9 et 10 heures. Et on repartait entre 16 et 17. Mais bon, parfois, quand on lançait une simulation qui dure 15 heures, bah on montrait qu'on était là, mais on faisait pas plus. Bon, il voit que je veux pas prendre parti. Et il m'explique :

'When I was a grad student, it would have been unthinkable for me to come to work at 12.15. Unthinkable! And do you know why? Because I wanted to be there.'

Et bim.

Je lui dis qu'il est possible après tout qu'il fasse des trucs depuis chez lui, vu que pour lancer des simulations, ya pas forcément besoin d'être au labo. Il me répond qu'il aimerait bien y croire. Re-bim.

Z. arrive, je continue le tutoriel censé m'apprendre comment me servir du programme de simulation utilisé dans le labo.

Je rentre, on parle loyer avec Mrs. C.. Elle me demande si j'ai visité l'appart. Je réponds que non, mais que j'y vais le lendemain. Elle me dit qu'elle est embêtée vu que pour elle je restais jusqu'au 31 juillet. Puis jusqu'au 30 juin. Puis en fait même pas juin, ni même vraiment mai. Alors, elle me demande si un compromis faisant finir le bail fin juin m'irait. Je réponds que oui, vu que de toutes façons, je considérais qu'un mois commencé devait être réglé entièrement vu que sa maison n'est pas un hôtel, et que les tarifs sont pas les mêmes au jour et au mois.

Tout va bien. Une fois tout ceci réglé, Mrs. C. me fait découvrir un des ses programmes télévisés préférés : le Rachel Maddow Show, sur MSNBC. C'est un magazine d'information, traitant les nouvelles avec pas mal d'humour, mais avec sérieux et surtout, sans tomber dans le divertissement caricatural dont les Américains ont l'habitude de remplir leurs JT.

Mardi

Je pars tôt de chez Mrs. C., group meeting oblige. Comme la semaine dernière, pas de présentation. Comme la semaine dernière, tour de table où j'explique rapidement que j'ai trouvé une maison, que je remercie tout le monde, et que je suis en train d'apprendre ça, et puis ça aussi.

Dans le labo, Dr. V. corrige rapidement les trois diapositives de ma présentation. Pas de grandes modifications, l'essentiel est bien compris. Ça me fait plaisir.

Un peu plus tard, Dr. V. me fait part du fait qu'il a un voyage dans quinze jours pour aller présenter les derniers travaux de l'équipe en Roumanie, et qu'au retour il doit passer à Toulouse faire une conférence dans l'institut du docteur T., à savoir le biologiste qui m'a recommandé à Dr. V.. On discute donc de ce qu'il pourrait y avoir d'intéressant à voir pour lui, qui aime pas trop les aprèms musée et préfère se balader. Je lui réponds que c'est parfait, qu'une promenade est une des meilleures façons de faire du tourisme à Toulouse. Je lui conseille quelques églises dans lesquelles entrer, Saint-Sernin et les Jacobins, surtout. Je lui raconte l'histoire de Saturnin et de la rue du Taur. Son hôtel est dans le coin de Victor Hugo, je ne peux que l'exhorter à aller au marché. On en vient à parler de vin. Il aimerait bien s'en faire servir au resto, mais n'y connaît pas grand chose. Je lui parle de Bordeaux, mais c'est, bien sûr, pas très original alors que niveau vins du coin, il suffit de regarder un peu plus au nord. C'est donc sur Cahors que s'enchaîne la discussion. Je lui promets de demander à mon père une sélection de domaines que je lui transmettrai. Ça lui fait plaisir, comme ça il pourra frimer auprès du Dr. M., qui la ramène chaque fois avec le vin. Là il aura de quoi lui clouer le bac. À propos, ledit Dr. M., qui bosse à Villejuif, aimerait me rencontrer à mon retour en France. Dès que celui-ci a su qu'un Français allait bosser dans l'équipe du Dr. V., il s'est montré très intéressé, et donc Dr. V. lui a un peu parlé de moi. Il ne sait pas à quoi ça pourrait m'amener, mais qu'une occasion comme celle-là ne pouvait qu'être profitable. Et je suis assez d'accord avec lui.

En rentrant, Mrs. C. me demande si j'ai reçu son mail. Non. Celui-ci disait qu'elle m'a rendu l'argent du mois de juin. Yes!

Mercredi

Ce matin, ISI, comme tous les mercredis. Z. arrive pas très longtemps après moi, et on continue joyeusement nos trucs, après qu'il m'ait parlé de l'éventualité de m'accompagner vendredi à un "atelier" (la traduction est bancale, je trouve, mais le mot original est workshop) organisé par le département High Performance Computing and Communications (HPCC) expliquant en détail le fonctionnement des clusters, des groupements d'ordinateurs indépendants travaillant ensemble pour calculer plus rapidement et plus efficacement (en français, on parle de grappe de serveurs ou de ferme de calcul, mais c'est moche).

À 1.30 pm, il me propose de l'accompagner à son rendez-vous hebdomadaire avec Dr. V., se déroulant donc deux portes plus loin.
Je suis là en tant que spectateur passif. Dr. V. est en train de se préparer pour son séminaire en Roumanie, et a l'impression de rien avoir à présenter. Z. lui répond qu'il a plein de trucs, mais qu'il lui a pas encore tout fait passer. Et que Dr. V. a déjà un autre truc super intéressant, nouveau, et mené au bout. Ce que Dr. V. admet. Puis, ils parlent d'un étudiant qu'ils envisagent d'accueillir, et du boulot qu'ils devraient lui confier, permettant ainsi de jauger ses capacités, et d'avancer dans les problématiques du labo. J'aimerais bien savoir ce que moi j'aurai à faire au labo... Enfin, Z. parle à Dr. V. du workshop de l'HPCC. Et Dr. V. lui fait comprendre que pour l'instant, il reste certainement trop à faire pour qu'il puisse m'amener là-bas. Donc du coup, voilà. Pour l'instant, on part sur une journée normale pour vendredi, et s'il arrive à tout torcher, il m'y emmènera.

On en profite aussi pour régler un truc. Étant donné que depuis que je prends le bus, j'arrive systématiquement plus tôt que Z. au boulot, il serait intéressant que je me procure un badge d'accès à la partie du bâtiment renfermant le bureau où je bosse. L'ISI étant le siège du MOSIS, qui est une espèce d'entreprise de production de circuits intégrés (faisant au départ partie intégrante de l'USC, et maintenant un peu plus indépendante, si j'ai bien compris), et en plus financée en partie par le département de la Défense américain, toutes les portes sont munies de verrous électroniques, et tout le monde doit présenter un badge pour pouvoir les débloquer. Enfin, tout le monde... Tous ceux qui en ont un, quoi. Pour l'instant, je suis obligé d'appeler Z., ou de demander à la secrétaire à l'entrée de l'étage chaque fois que je rentre dans le bâtiment, même si je n'étais sorti que pour manger. Maintenant, celle-ci commence à me connaître, donc elle me laisse entrer peinard. Mais bon, ça serait plus pratique. Je remplis un formulaire en ligne, j'aurai mon badge dans deux jours.

Je rentre. Pendant le repas avec Mrs. C., on parle de Pagnol. Elle me sort un bouquin qui lui a plus, sur de la physique vulgarisée, chose que j'estime importante pour que les gens arrêtent de considérer les sciences dures comme un truc imbitable par tous ceux qui ont pas ça dans le sang. Il s'agit d'un recueil de lettres de Feynmann. Forcément, là... Je crois qu'on peut pas trouver mieux. Mrs. C. me montre comment faire ma lessive, et va se coucher de bonne heure. Demain, elle doit se lever tôt pour partir pour New York.

Jeudi

USC, as usual. Je continue à observer les expériences de V., assistée par S.. J'apprends le fonctionnement d'un générateur de pulses, le montage qui sert à envoyer 500 volts dans les grains d'orge de V. pendant quelques millisecondes, et ce à de nombreuses reprises. J'apprends aussi comment ne pas m'électrocuter avec.

Pendant le voyage du retour, je découvre avec étonnement qu'il existe des bus aux USA où l'arrêt se demande avec un bouton, comme en France. Je m'explique : jusque là, tous les bus que j'avais pris présentaient sur leurs deux bords latéraux une espèce de cordelette en plastique jaune, parcourant toute la longueur du bus, au niveau des fenêtres. Pour demander l'arrêt, c'est sur ce truc qu'il faut tirer, normalement. Ça présente l'avantage d'être accessible quelque soit la place occupée dans la longueur. Par contre, ça oblige aussi à être du côté fenêtre. Ou alors à parler à des gens. Dans ce même bus, un mec arrête pas de beugler au fond du bus. C'est fou le nombre de mecs tarés que je peux croiser dans le bus, ici. J'apprendrai plus tard que c'est pas juste une impression. La proportion de malades est pas plus grande ici qu'ailleurs, c'est juste qu'il y a moins de structures pour les prendre en charge. Résultat : dans la moitié des bus que je prends, arrive un moment où déboule une fille habillée n'importe comment, et qui commence à chanter à tue-tête. Ou un type habillé n'importe comment, et qui commencer à gueuler en parlant à lui-même. Ou...

De retour à la maison, je fais la connaissance de la femme de ménage, qui me rendra visite tous les jeudis, sans que je m'y attende, et qui me fera une peur bleue parce qu'elle a sa propre clef. Ah pis, comme je voulais manger vite et mal, je suis allé dans un MacDo voir ce qu'il s'y passe. Pas grand monde y va ici, d'autres fast-foods meilleurs et moins chers sont bien majoritaires.B

Vendredi

ISI, mon badge est prêt. Youpi ! Enfin, j'ai ma petite part de rouge et or estampillée USC et ISI, avec mon nom dessus. La classe.

Ce qui est moins la classe par contre, c'est la volonté vraiment modulable que la compagnie de bus Metro met dans le respect de ses horaires. Et je parle pas forcément que de retards, mais aussi de bus qui oublient de passer. Toujours est-il que j'ai dû me taper une quarantaine de minutes de marche, mon second bus ayant décider de me laisser poireauter là où le premier m'avait déposé. C'est dans des cas comme ça qu'on remercie l'organisation si particulière des villes américaines, toute carrée, avec des numéros croissant avec l'éloignement du centre, et allant de cent en cent pour chaque bloc. Sans ça, je sais pas si j'aurais réussi à rentrer sans carte.

Plus tard dans la soirée, on frappe à la porte. Les Françaises. J'ouvre, fais la connaissance de N. et M.. Elles arrivent de San Francisco, sont à L.A. pour visiter le côté "paillettes", et repartent lundi matin pour aller à Vegas. Damn! Ça va courir, ce week-end...

Rions un peu en attendant les symptômes...

La grippe mexicaine, ou plutôt grippe porcine (pour pas vexer les Mexicains) ou encore grippe de type A, sous-type H1N1 (pour pas vexer les cochons) fait rage aux États-Unis, avec une préférence, entre autres, pour la Californie. C'est con, hein ?

L'OMS a élevé son niveau d'alerte pandémique à 5 (propagation interhumaine observée, pandémie imminente), les media français s'affolent, tout le gouvernement américain doit passer après Joe Biden lorsqu'il conseille d'éviter les lieux confinés comme les avions (et donc aussi comme les bus et les métros, d'où le drame). Je rappelle que l'influenzavirus A sous-type H1N1 a été responsable en 1918 de la mort d'entre vingt et cent millions de personnes sous son nom de grippe espagnole.

Le truc, c'est que le virus de la grippe est un virus qui mute énormément, d'où la difficulté à trouver un vaccin. Pour un même sous-type, caractérisé lui-même par son type d'hémagglutinine (H) et de neuraminidase (N) qui sont tous deux des trucs de bios (ou de chimistes, ou de biochimistes), on trouve plusieurs souches, différant par de nombreuses mutations génétiques.

Tout ça pour dire qu'en fait, bah... On sait pas grand chose du virus de la swine flu. Et la panique est loin de se faire sentir dans la vie de tous les jours. Dr. V. prend les choses avec philosophie : pour l'instant, il faut faire des tests, on sait rien sur rien, ça pourrait être mieux mais ça pourrait aussi être pire, et qu'il faut surtout ne pas oublier que la grippe (dans sa version saisonnière connue de tous) tue chaque année des centaines de milliers de personnes, donc pour la nouveauté on repassera.

Et moi, devant me résigner à contre-cœur à voir monter en moi un penchant à l'ostracisme envers les latinos, les malades et les clodos que je peux croiser dans le bus, qu'est-ce que je fais ?

Bah, je compte les masques. Un dans chacun de mes deux bus à l'aller pour l'USC. Et un sur le chauffeur de bus pour l'ISI, ce matin. Je récapitule, 2 jeudi, 1 vendredi, soit :

Un total de 3 masques pour le moment !

C'est triste, je suis sûr que c'est de voir des types avec des masques qui va rendre les Californiens malades...