vendredi 15 mai 2009

Avenue of the Stars

Semaine du 4

Au labo, rien de bien nouveau. J'ai droit à mon USC Card, ma carte d'identité prouvant mon statut de visiting scholar, ce qui me permet par exemple de ne pas pouvoir entrer dans toutes les grosses installations sportives (dont une piscine) réservées aux étudiants. Eh oui, j'avais qu'à payer 35000 $ par an, si chuis pas content.

À la maison, par contre, du nouveau. J'ai "chez moi" et pour une semaine le gendre de Mrs. C., J.. En temps normal, il vit dans l'état de Washington, mais il doit assez souvent se rendre à Los Angeles, les studios étant là. 55 ans, deux gosses de 2 et 5 ans, J. est depuis une vingtaine d'années l'acteur qui a le droit d'endosser le costume de la mascotte officielle de la chaîne de fast-food Jack in the Box. Tout le monde le connaît, mais personne ne le reconnaît, vu qu'il se trimballe en permanence avec une grosse tête de clown dans les événements où il joue Jack. Fun fact, son avatar et lui-même partagent presque le même prénom, sauf que pour J., c'est à la française, famille pied-noir oblige. Et d'ailleurs, il parle un peu français, et c'est marrant. Bon, ça c'est en discutant un peu que je l'ai appris. Il m'a pas déballé ça en arrivant.

Non, en arrivant, il s'est présenté, rapidement, et après m'a demandé :

'Do you smoke pot?'

C'était pas une question suspicieuse, c'était une proposition.

'It's the best. From British Columbia.'

Bah merde, je voyais pas le Canada comme ça... Devant son pétard tendu, je lui ai expliqué que je fumais pas, et que le poumon tout ça.

'Oh. No problem. I have cookies too.'

Putain. Des space-cookies. Bon, il repartira sans que j'y aie goûté. Mais merde, ce type est trop bon, je vais pas m'ennuyer cette semaine. Et en plus il me fait à bouffer le soir. Énorme.

On a des discussions très intéressantes, comme par exemple le fait qu'il culpabilise un peu de tourner toutes ces pubs pour Jack in the Box parce qu'elles entraînent les gens à aller au fast-food, et du coup, il est un peu responsable de l'obésité des Américains de la côte Ouest. Quand je lui réponds que personne est obligé d'aller y manger, il a un répartie toute trouvée : ils rendent ça fun en faisant des pubs marrantes. Et c'est vrai que leurs pubs sont marrantes. Rien à voir avec celles de leurs confrères de Burger King ou de Mc Donald's. Ni avec la moyenne des pubs à la télé.

Autre sujet sympa. J. est convaincu que malgré le premier amendement de la Constitution garantissant la séparation de l'Église et de l'État, les États-Unis sont encore très très portés sur le fait religieux (confer le week-end précédent avec le toubib qui me voyait soit catho soit juif) pour une raison bien particulière : leur jeunesse. Pour lui, le désintérêt progressif des Européens pour le culte et la montée de l'agnosticisme est la preuve que le Vieux Monde est passé à autre chose et n'a plus besoin de la religion pour être guidé. Au contraire, les USA sont en plein dedans parce qu'ils n'ont que 500 ans d'existence, et la religion leur est nécessaire pour encadrer moralement les citoyens.


Samedi

On est censés aller à Hollywood avec V., en partant à 11.00 am. Je dis "censés", pasque les bus sont pas d'accord. Plus exactement, le bus que doit prendre V. ne fonctionne pas à cause d'une manifestation pour récolter des fonds pour le cancer du sein. À l'occasion, ça me permet d'apprendre que la femme de J. a survécu à un cancer l'an dernier, et ce sans chimiothérapie. J. est convaincu qu'il y a une grosse partie de mental là-dedans, et que l'effet placebo est pas pour rien dans la guérison (quel que soit le "médicament" en question : foi en Dieu, foi en les docteurs, foi en la science, foi en l'homéopathie, etc.). La médecine est importante, mais le mental est pas négligeable. J'apprends aussi que J. est atteint d'une des plus graves formes d'hépatite, et qu'il compte bien la vaincre principalement en étant convaincu qu'il va s'en sortir. Pour sa femme et ses gosses.


2.00 pm, la manif se finit, on peut prendre le bus, et aller à Hollywood. Et pour le reste de la journée, je pense que les photos parlent d'elles-mêmes.

(Bon, en vrai, j'en ai beaucoup plus, mais c'est chiant à ajouter alors j'arrête)


Dimanche

Quand j'ai dit vendredi soir à J. que je voulais tester le cinéma à L.A., il a pris la résolution de m'emmener dans un des plus gros cinéma de la ville, et dans ce cinéma, dans la plus grosse salle, pour vivre un film en IMAX. À la limite, le film importe peu. Au début, on devait aller voir Star Trek le dimanche aprèm. Le problème, c'est que les horaires sont tout pourris, donc va ptêt falloir se rabattre sur un autre film.

Sauf que, à 10.00 am, J. me réveille et me dit qu'il y a une séance pour voir Star Trek dans une heure et demie, mais qu'il nous faut partir dans une demi-heure maximum. Pas de problème, je m'habille en vitesse, J. m'offre de son oatmeal, sorte de porridge à base d'avoine, et on est partis, direction Burbank. Ça roule bien. Un autre avantage d'être dans un pays très religieux, me dit J., est que le dimanche matin, les gens sont à la messe plutôt que d'aller au cinéma. Pas faux.

J. me paie ma place (11 $) et un putain de gros paquet de pop corn. La salle est immense, l'écran aussi. Le film est sympa, plein de références. Sauf qu'avec le son et l'image version IMAX, bah... D'une séance sympa due au film sympa, on passe à une séance énorme. On a juste l'impression d'y être. Ce qui est pas totalement faux, vu qu'après tout le film a été tourné à peine à quelques miles de là...

Le soir, J. m'emmène manger mexicain au restaurant Lotteria situé en plein milieu du Farmers Market. Ce dernier est un marché fondé en 1934, et qui continue d'exister depuis. Alors bon, c'est un marché à l'américaine. Quelques fruits et légumes, certes. Mais aussi des magasins de stickers ou de souvenirs. Et surtout, plein de petits restaus, et plein de tables pour pouvoir s'asseoir et déguster les plats commandés tout autour. J. commande un assortiment de tacos pour que je puisse goûter à tout. Et il m'offre le repas... Avant qu'on s'en aille, il me signale un mec qui était là pour acheter des noix au marché et me dit que c'est un humoriste très célèbre se produisant souvent au Saturday Night Live (bien sûr, j'en sais rien et je le connais pas). Et de renchérir sur le fait que c'est un lieu assez prisé des vedettes. Non, pas les bateaux. Et voilà, je bouffe à côté de stars et je m'en rends même pas compte.

J. doit partir le lendemain, il va me manquer, c'était vraiment marrant. D'ailleurs, en partant le lundi, je lui laisse un mot lui disant que si je rentrais pas à temps pour lui dire au revoir, je le remerciais grandement parce que je m'étais bien amusé. En rentrant, trop tard, j'ai eu droit au mot suivant :

'Bonne chance Simon.'

En français dans le texte. Énorme.

Semaine du 11

Mardi, free food (enfin !). Le bureau des services internationaux de l'USC a convié tous les J1 scholars (étudiants et chercheurs étant à l'USC pour une durée "courte" et ayant eu accès au territoire américain à ce titre en utilisant un visa d'échange de type J1) à un petit déj' pour qu'on se rencontre tous. Peut-être une chance de découvrir d'autres Français sur le campus.

Bon, c'est mal parti. Sur la vingtaine de personnes présentes, une bonne quinzaine d'asiates dont une majorité de Chinois, quelques Japonais, quelques Taïwanais (élèves et professeurs). Une Iranienne. Une Argentine. Trois Européens, dont V. et moi-même. Le tout présidée par une élève qui vient de graduater en relations internationales, et par le responsable qui s'était occupé de mon visa.

C'est pas grave, ça empêche pas de faire connaissance. Un Chinois, dont le nom que j'ai sûrement mal compris ne m'a inspiré que celui du Télétubbie rouge, me parle dans un anglais que je bite à 50 %. Quand je sais pas, j'acquiesce. Sinon, il a l'air sympa. Un autre, dont j'ai oublié le nom, me conseille un site, dont j'ai oublié l'adresse, pour trouver un vélo (oui, je cherche un vélo et je suis pas sûr d'être aussi chanceux que V. qui a trouvé un vélo non attaché aux pneus dégonflés dans son jardin, et qui a décidé d'en prendre soin en regonflant ces derniers et en achetant un antivol).

Mais la facilité l'emportant, bientôt s'est formé un petit regroupement des quatre Occidentaux de la salle. Je fais ainsi la connaissance de M. et M. (yes, t'en as j'en veux un bleu !).

Bon, sauf que là ça va être la merde. Jusque là, les gens avaient eu l'intelligence d'avoir des prénoms qui ne commençaient pas par la même lettre. Alors, bon, on va en appeler une M. et l'autre Ma. (même si les deux pourraient être abrégées en Ma., fait chier). Et faites gaffe, cette M. là elle a rien à voir avec M. la Française qui est partie il y a de ça une bonne semaine. Faut suivre, hein.

Donc, je fais ainsi la connaissance de M., qui est néerlandaise, a mon âge, habite à Pasadena et bosse sur le Health Sciences Campus ; et de Ma., qui est argentine, a 23 ans et pour le reste je sais plus. On prévoit de se retrouver tous les quatre ce vendredi pour voir la cérémonie du commencement, c'est à dire la remise des diplômes, présidée par le gouverneur de Californie en personne. Et c'est qui le gouverneur ? Et oui, c'est Schwarzy.

Mardi aprèm, S. est pas là pasqu'elle est malade. Je passe la journée au labo à faire rien. Enfin, non, pas rien, je continue de monter le wiki pour Another World Project que j'ai récemment mis en place.

Mercredi, Z. est pas là pasqu'il est malade. Je code un peu, je teste mes scripts qui veulent toujours pas me donner de bons résultats. Les auteurs de toutes les publis que je trouve arrêtent pas de blâmer leurs prédécesseurs parce qu'ils ont pas utilisé la bonne formule. Ils en donnent une autre, en disant que ça marche mieux. Sauf qu'en pratique, bah, je vois pas l'amélioration. Pas grave. J'en ai marre. Je fais rien. Enfin, non, pas rien, du AWP.

Jeudi, j'ai enfin quelque chose à faire, grâce à V.. Voyant que je commençais à me faire chier, elle m'a pris comme assistant pour enlever la peau de ses graines d'orge, pour préparer des solutions sucrées, et caetera. Elle m'avoue que c'est pas passionnant. M'en fous, moi chuis ravi, j'ai un truc à faire !

Vendredi, enfin, le commencement ! Ya du monde partout, c'est fou. Une grande file s'est formée avec tous ceux qui sont là pour perdre leur statut d'undergraduate (à ce propos, j'ai découvert que je n'étais plus un undergraduate, mais un graduate student, dans le système américain. C'est énorme). C'est très très dur de circuler, entre les familles, le service d'ordre réquisitionné pour la journée, et tout le bordel. J'arrive enfin au lieu du rendez-vous, l'arrière de la bibliothèque où se tiendra les discours, et où on a eu droit à notre free food de mardi matin. J'y retrouve M., et c'est tout. On attend, puis on attend plus et on va prendre des chaises là où sont censés s'asseoir les familles et les jeunes diplômés. Mais bon, on s'en fout.

Et c'est là que c'est marrant. Chaque chaise non occupée a un petit bouquin déposé sur le siège. Dedans, le détail de tout le commencement, l'ordre des discours, l'heure et le lieu des cérémonies satellites (une cérémonie par département, en gros), le nom de tous les nouveaux diplômés et surtout surtout, une description des personnes recevant le titre de Docteur honoris causa. Une double page est consacrée à deux nouveaux Doctors of Humane Letters.

La première, Frances Wu, se voit attribuer ce titre pour son boulot en psychologie auprès des enfants, puis auprès des vieux au moyen d'associations, de fondations, de dons, et caetera. Le second, une certain Arnold Schwarzenegger, pour son boulot dans Terminator, Predator, Total Recall, et caetera. Pis à un moment, c'est au tour du Govern(at)or, nouvellement docteur, de prendre la parole, pour nous décrire la splendeur du rêve américain, du fait que sa mère le croyait gay parce qu'il affichait des posters de mecs bodybuildés quand il était gosse, de comment persister dans son rêve lui a permis d'arriver aux USA, le meilleur des pays selon lui, et de devenir la star qu'il est au lieu d'être fermier en Autriche. Un discours plutôt sympa, en fait, même si là ç'a pas l'air.

Et puis musique, pendant que tous les diplomés défilent en habits or et rouge. La fanfare joue du Pat Bénatar, et moi je me marre. V. nous retrouve enfin. Elle avait appelé un peu plus tôt du labo, ne sachant pas venir au point de rendez-vous. Mais avec le monde, ç'avait été impossible de la guider jusqu'à nous. On va manger chez elle tous les trois, où je photographie le frigo de ses collocs, ersatz de Paris Hilton, peroxydées et en sororité. On revient au labo mollement, et la journée est finie. Heureusement, parce que le lendemain, ça va chier, je déménage.

Je fais ma valise, réserve un taxi pour le lendemain matin, et dodo.

Week-end

Le taxi arrive trop tôt, je finis ma valise et embarque tout en bordel précipitamment, mais c'est pas grave si je laisse quelques trucs, vu que je vais revenir passer un ou deux jours ici à West Hollywood le temps que Mrs. C. revienne. Pour arroser les plantes, et lui rendre les clés, aussi. Bref. Et me voilà enfin arrivé dans ma nouvelle maison, à trois blocs de l'USC, que je vais pas quitter jusqu'à la fin de mon séjour.

Rions un peu en attendant les symptômes...

Hmm... Deux semaines ont passé, et le nombre de masques a augmenté de....

Deux, un la première semaine, un la deuxième, les deux dans le bus où se trouvent maintenant des petites brochures sur comment faire pour éviter de propager la maladie (entre autres : éviter les malades, rester chez soi si on est malades, se laver les mains souvent, ne pas se frotter les yeux ou le nez, et ne pas se faire éternuer dessus).

Le compte est donc maintenant de 5 masques ! Wouaw.

Eh beh, on a connu plus méchant, niveau pandémies...

1 commentaire:

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